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The killer inside me

Littérature noire

Le joueur : l'agonie de l'aristocratie europeenne

Ce n'est peut-être pas le meilleur roman pour comencer à lire l'oeuvre de Dostoievski. Mais, en même temps, si l'Education Nationale avait fait son travail, au lieu d'écoeurer plusieurs générations de petits Français avec des oeuvres absconses, on aurait un minimum de références en littérature russe.
Le joueur est un texte court et vraisemblablement autobiographique. Alexeï Ivanovitch, précepteur de 25 ans, parlant trois langues, est au service d'un Général dans une mauvaise passe financière mais entendant bien rebondir en héritant de sa grand-mère mourante. Dans une ville d'eaux d'Allemagne, le Général loge à l'hôtel avec un aéropage composé d'un gentleman anglais, d'un noble français mais aussi de mademoiselle Blanche, fiancée au Général, sans oublier Pauline, belle-fille du militaire et prompte à faire battre le coeur d'Alexeï. En relevant un défi de Pauline, le jeune précepteur se retrouve d'ailleurs au ban de cette cour. Et c'est là que débarque... la grand-mère, en pleine forme. Au point qu'elle va dilapider une véritable fortune au casino, sous le regard catastrophé de son petit-fils.
S'il est question du jeu et de sa fièvre, de ses hasards, de certitudes établies sur du vent ou une simple intuition, l'analogie est claire avec l'amour. Blanche et Pauline surtout font tourner la tête des aristocrates, et ceux-ci se démênent pour présenter le meilleur compte en banque, qui se compte ici en frédérics, en florins, en roubles. Les uns tiennent les autres avec des dettes, des engagements... c'est une aristocratie moribonde, en fin de règne, obligée de survivre avec des mariages avantageux.
Difficile de dire donc s'il s'agit d'un grand Dostoievski, mais outre le génie pour peindre les personnages, et cette lente mort d'un monde, il y a un jeu de sentiments un peu pesant, daté. Les personnage féminins sotn par exemple assez caricturaux et finalement peu débeloppés, exception faite de la grand-mère qui, même si elle veut se venger de son petit-fils, passe tout de même pour une femme peu sage malgré son grand âge. Quant aux réflexions sur les Français, les Russes, les Anglais, voire les Polonais, cela semble doucement surrané. 

Le joueur (trad. C Andronikof et Alexandre de Couris), ed. Livre de poche, 244 pages.
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