Avis de grand froid : petite déception

Douzième tome des enquêtes d'Isaac Sidel personnage de flic new-yorkais, devenu commissaire, puis premier magistrat de la Grande Pomme, né il y a trente-trois ans, sous la plume de la légende Jérôme Charyn.
Ici, avec Avis de grand froid, le lecteur est en 1989. A Washington. Car Sidel vice-président des Etats-Unis, a été élu après la destitution de l'élu démocrate. Fidèle à ses principes sociaux, il dérange. Fidèle aussi à son passé de policier, il se trimballe avec un Glock à la ceinture. Des anciens espions israéliens lui donnent rendez-vous à Camp David. Il échappe de peu à l'attaque d'une société de mercenaires payée par on ne sait trop qui. En tout cas on lui en veut. Dans ce monde qui se délite, avec l'effondrement de l'URSS, c'est le président de la Tchéquoslovaquie qui l'appelle à l'aide. En périphérie de Prague, il échappe encore, de justesse, à un attentat. De grands Industriels de différents pays veulent sa peau mais aussi la collaboration de son ami israelien, expert mondial en fausse monnaie.
Avis de grand froid est plus un thriller politique, parfois onirique, qu'un polar ou un roman d'espionnage. Charyn y mêle les enjeux internationaux, à une histoire d'amour entre officiers de sécurité, une chatte rétive et des voyages incessants en hélicoptère. A vrai dire, on s'y perd un peu dans le propos et l'intrigue manque de substance. Comme si Charyn parlait en code, pour des Américains initiés, avec références connues seulement d'eux. Bien sûr, la présence israélienne a un sens, bien sûr on connait le goût de l'auteur pour le tatouage (voir sa BD avec l'immense Boucq) mais la narration passe parfois d'un contexte à l'autre assez brutalement. Les clins d'oeil à Roosevelt sont ainsi parfois difficiles à saisir pour qui ne pratique pas la politique yankee avec assiduité. Bref, on reste parfois sur le bord de la route.

Avis de grand froid (Winter warning, trad. Marc Chénetier), ed. Rivages, 350 pages, 21, 90 euros