Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

Le calligraphe : ambiance poisseuse pour amateurs du Japon

Thriller psychologique, sensuel, Le calligraphe ressemble à un vaste labyrinthe, celui où le lecteur est emporté dans les ruelles de Tokyo mais celui aussi des personnages. Otsuki a la trentaine et ne travaille pas. Pour survivre, dans son appartement presque insalubre, il se fait entretenir par ses maîtresses. Ce n'est certes pas la grande vie mais cela lui évite de se conformer à cette société dans laquelle il ne se reconnaît pas. Au hasard d'une promenade, il croise Sugimoto, un ancien collègue, dans un job qui n'était pas vraiment net. Lequel lui présente avec insistance Koyama. Ce vénérable maître calligraphe habite une étrange maison  où il montre à Otsuki, un film encore plus étrange, entre pornographie et images de Nature. Otsuki, subjugué par la beauté de Tomoé, la jeune fille du film, accepte à reculons, de tourner une suite à ces quelques rush. Mais c'est là qu'il rencontre l'acteur des scènes porno, une espèce de monstre physique, aussi dégoutant qu'inquiétant. Le tournage consiste en plusieurs plans de Tmomé, nue, dans un bassin. Après le tournage, hanté par Tomoé, Otsuki retourne sur les lieux. Une fête s'y tient. Il perd conscience...

Pure littérature japonaise de genre, Le calligraphe laissera sur le bord de la route, les lecteurs trop cartésiens. Hisaki Matsuura fait autant étalage de psychologie que de concepts. Il aborde l'esthétique, du coprs comme de la calligraphie, mais aussi le sexe le plus sale comme défouloir et oeuvre, il traite aussi de l'illusion et de l'identité. C'est tortueux encore une fois, mais il s'en dégage une ambiance bien poisseuse, très gênante, parfois voyeuriste, en tous les cas quelque chose de très décalé et hors du temps. Même si, clairement, on n'atteint pas ici les sommets du roman noir japonais que l'on tutoie avec Natsuo Kirino. Se classant dans le thriller, Le calligraphe n'offre ni enquête, ni scènes d'actions, se concentrant sur la chute de cet Otsuji, balloté dans un monde qu'il ne maîtrise plus, victime, témoin, avant de relever la tête. "Quand on dit que les choses déraillent, ce n'est pas à cause d'un accident imprévu. Chaque jour se produit un décalage de 0, 01 millimètre, ces décalages s'accumulent, jusqu'à ce qu'un beau matin, ce qui allait jusque là allait apparemment sans problème se mette à dérailler."

C'est dans ce genre d'exercice que l'on peut saluer le travail incroyable d'un traducteur, ici Silvain Chupin.

Le calligraphe (Tomoé, trad. Silvain Chupin), ed. Rivages, 348 pages, 21 euros.

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article