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The killer inside me

Littérature noire

Little Caesar : réédition d'une légende du noir

Paru aux Etats-Unis en 1929. Puis en France en 1948, Little Caesar doit essentiellement sa renommée à l'interprétation qu'en a fait sur grand écran Eddy Robinson en 1931, aux côtés de Douglas Fairbanks. Sa gueule ratatinée, son regard de dingue lançaient une carrière qui le mènerait aux films d'Howard Hawks, John Ford, Michael Curtiz, Orson Welles, tournant deux voire trois films par an.
Reste qu'il s'agit d'abord d'un roman noir, qui valut fortune et reconnaissance à son auteur William R. Burnett, comme il l'explique ici dans une très intéressante préface, tirée d'un texte de 1957. Cette réédition de 2020, si elle conserve la traduction de Marcel Duhamel, bénéficie d'une révision de Marie-Caroline Aubert, "pour être au plus près du style de l'auteur, le parler imagé des voyous n'ayant pas grand chose à voir avec l'argot employé à la fin des années 40." Plus besoin de gloser sur les traductions de cette époque. Mais cela donne, par exemple, des différences du genre, "Tony ! Il vous aurait fait grimper l'Empire State Building à cent à l'heure dans sa bagnole ! ", qui faIt aujourd'hui "il vous aurait fait grimper la Tribune Tower à cent à l'heure dans sa voiture." Pas de quoi fouetter un chat non plus.
Surtout que l'histoire, bientôt cent ans après, tient toujours la route avec ce modèle d'arrivisme criminel plus d'une fois répétée depuis. Rico "always played to win" bosse dans la bande de Sam Vettori dont il est l'étoile montante. Un soir de braquage, à Chicago, il tue un flic en civil. C'est une erreur mais c'est aussi ce qui le rend d'un coup plus dangereux. Il écarte petit à petit Vettori et se rapproche du grand patron, devient son invité. Sauf que dans sa bande, presque exclusivement des Italiens bien entendu, il y a Tony, le danseur professionnel. Et, lors d'un gala, il est reconnu par une des amies du policier tué. Rico va se débattre, protégé par son fidèle lieutenant Otero.
Little Caesar était un coup de génie et coup de théâtre car il donnait pour la première fois le point de vue d'un truand et uniquement d'un truand. Burnett n'est pas de l'école psychologique, ses personnages sont dessinés sommairement, tout en action, en décisions, en dialogues secs. Le roman est court, efficace, nerveux, à l'image de ce Rico, psychopathe qui s'ignore. Little Caesar est un classique, de ceux qui ont fait la légende du genre.

Little Caesar (trad. Marcel Duhamel, revisitée par Marie-Caroline Aubert), 288 pages, 17, 50 euros
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G
En voyant la parution de cette réédition, j'ai repris le gros pavé quarto gallimard "underworld" et attaqué le deuxième roman "Little Men, Big World". je me régale. Je ne manquerai pas de lire celui-ci dont je n'ai pas encore vu le film de l'époque.
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C
Merci du tuyau, je vais aller chercher ce pavé. La collection est Quarto est quand même plutôt sympa. On lui reproche parfois de ne pas réajuster la traduction mais c'est tout de même très beau. Le film est incroyable, tellement old school.