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The killer inside me

Littérature noire

Les âmes sous les néons : Guez envoie des high kicks

Le jour où son caïd de mari, Lars, se fait rectifier le portrait à coups de plomb dans une rue de Copenhague, elle découvre que sa vie de luxe ne tient qu'à des bars à putes, du blanchiment d'argent. Jeune maman, déjà veuve, il lui faut appréhender la vie de son ex. Pour cela, le plus fidèle des soldats offre son aide. C'est un ancien champion de boxe thaïe, un jeune homme mutique mais qui connait tous les ressorts du business puisqu'il l'a monté avec Lars. Pas question de tout vendre comme le demande l'avocat. Ce serait, pour la veuve, faire une croix sur un train de vie luxueux, sur l'avenir même du bébé. Il va falloir résister aux appétits des Serbes. Ou des Albanais. Ou des Arabes. On ne sait plus tellement, le jeu est trouble.

C'est le retour de Jérémie Guez à la littérature après plusieurs projets réussis dans le 7e art. Qu'il n'abandonne pas puisque doit sortir cette année son deuxème long, Sons of Philadelphia. Mais il s'est accordé une parenthèse avec Les âmes sous les néons. Si ce n'est le changement de cadre, de Paris à Copenhague, on retrouve là tout l'univers de Guez, toute sa prose aussi. On a donc le monde de la nuit, ces filles dans les vitrines, ces petites frappes qui font des sales coups mais aussi ces deux personnages qui doivent affronter un boulversement de leurs vies. On pense à Paris, la nuit, à Balancé dans les cordes. Question style, il gratte encore plus la chair autour de l'os. Insuffle un rythme, tranche dans le verbe et  joue avec le lecteur, utilisant le il et le je pour désigner l'ancien boxeur et la veuve. Un parti pris qui fonctionne formidablement. Jeu du chat et de la souris, méfiance, jeu de séduction, trahison, l'auteur distille tout cela en quelques lignes, en une page parfois. Une forme d'ascétisme du noir.

Les âmes sous les néons est ainsi une histoire sèche, mais sensible, en 172 pages. Une histoire de business à reprendre, de requins autour d'un cadavre, de cocktails molotov, de bons coups de tatanes. C'est noir, c'est tordu, c'est la loyauté remise en question. Bref, il était temps que Guez revienne un peu mettre le boxon.

Les âmes sous les néons, ed. La Tengo, 172 pages, 15, 5 euros
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