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The killer inside me

Littérature noire

Vies et morts de Stanley Ketchel : JC Blake super puncheur

Un-deux-trois-quatre-cinq-six. Stanley Ketchel (1886-1910) fut l'un des premiers et l'un des rares pugilistes à réussir un tel enchaînement lors de ses combats de boxe anglaise. Une rapidité d'exécution conjuguée à une endurance hors du commun et une certaine capacité à encaisser. Oui la vie de Stanley Ketchel est faite de ce marbre dont on façonne les plus belles statues. Les boxeurs en général traînent avec eux de grandes histoires de vies et parfois de survies.
Mais il faut reconnaître que James Carlos Blake a un talent unique pour sublimer cela. Vies et morts de Stanley Ketchel est une merveille de storytelling, quasiment un conte, pour ne pas dire une légende. C'est peut-être dû à ce début de 20e siècle riche en aventures, c'est peut-être dû à ce pays plein d'effervescence. C'est surtout dû, tout simplement, au parcours de Stanley Ketchel.
Fils d'une pianiste, elle-même enfant de fermiers polonais installés dans le Michigan, Stanislas Kaicel s'opposera très vite à son père violent et brutal. "Si l'époque de l'Ouest légendaire était morte, son caractère sauvage ne l'était pas." Et le futur boxeur a treize ans lorsqu'il empale son père sur une fourche et fuit le foyer en empruntant les trains et les habitudes des hobos qui parsèment le pays. Une première vie d'errance et de découvertes, "pour la somme de un dollar, il connut l'extase de son premier coït. Sur une blonde maigrichonne qui sentait le chou et qui avait perdu une dent à la mâchoire inférieure. Elle ne parlait que le polonais..." Il n'est pas encore un homme lorsqu'il arrive à Butte, Montana, ville de mineurs de cuivre, pour un tiers Irlandais, qui se retrouvent fatalement dans les bars le soir venu. C'est là que Stanislas Kaicel fait, une première fois, admirer son punch et se retrouve videur du troquet. Deux mois après, on lui propose un premier combat amateur. Le départ de cette légende. Dans un domaine, la boxe anglaise, où les combats peuvent aller en 45 rounds ! Et les victoires accordées seulement sur KO !
C'est vrai, le parcours de Stanley Ketchel sonne comme un roman. Mais c'est l'art de JC Blake de tout mettre en musique. Avec la personnalité de son héros, parfaitement cerné, tendre fils, amant sincère, amoureux blessé, et boxeur infatigable. Un homme XXL que l'auteur peint avec une certaine tendresse, comme souvent avec ses personnages. La documentation que Blake a visiblement accumulée (on croise Jack London en tant que journaliste sportif et bringueur invétéré), ne vient pas gâcher son enthousiasme et son sens du rythme. Parce que c'est le grand plaisir de ces 380 pages, de ne jamais faiblir, de ne jamais ralentir. Ketchel est il faut dire, sans cesse en mouvement, à une époque où les déplacement semblaient pourtant si complexes. Mais le boxeur va sans cesse de son camp d'entraînement, aux villes de ses combats, en passant voir sa mère, son ami Le colonel. L'histoire est réellement fascinante et joliment tragique. Vies et morts de Stanley Ketchel résonne comme un bout de rêve américain. C'est aussi un puissant hommage à la boxe anglaise, à ses hommes, dotés d'un courage et d'une volonté peu fréquentes. Pour finir, JC Blake ne contourne pas la question du terrible racisme qui frappa, entre autres, Jack Johnson, adversaire poids lourd historique de Ketchel. Mais sa plume évite d'en faire trop et, au contraire, témoigne de moments d'une rare humanité entre les boxeurs. Splendide.

Vies et morts de Stanley Ketchel (The killings of Stanley Ketchel, trad. Elie Robert-Nicoud), ed. Gallmeister, 377 pages, 23, 80 euros.

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