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The killer inside me

Littérature noire

Une affaire italienne : jazz et politique à Bologne

Bologne dans les années 50. Le commissaire De Luca a travaillé sous le régime fasciste sans être un grand partisan de Mussolini. Suffisant pour être persona non grata. Il reste un fonctionnaire de police apprécié, mais que l'on appelle pour des enquêtes complexes. Comme ce meurtre de Stefania Cresca, retrouvée la tête dans la baignoire de la garçonnière de feu son mari. Parce que fouiller la vie de Stefania c'est forcément s'intéresser à la récente mort du professeur Cresca dans un effroyable accident de voiture. Un accident pas très clair d'ailleurs. De Luca avance incognito, secondé par le fougueux Giannino dingue, comme le professeur Cresca, de jazz. La partition de cette enquête semble ainsi très complexe, faite de rivalités internes et de jeux politiques.
Une affaire italienne de Carlo Lucarelli livre un étrange charme qui tient autant à la langue de l'auteur, qu'à l'époque évidemment. Dans la traduction appliquée de Serge Quadruppani (qui se frappe tout de même tous les idiomes italiens du nord et sud, et pour cela, respect), on sent poindre un verbe chantant, des phrases qui se jouent de la ponctuation, des dialogues hyper réalistes. Ajoutons à cela le côté vintage de cette Italie, ses voitures (la Lancia Aurélia et son célèbre V6 !), ses spécialités culinaires, ses soirées d'artistes. Car oui, Une affaire italienne est traversée par le jazz. Ce n'est pas un scoop dans l'univers du polar mais, encore une fois, ce sont les années 50, et Lucarelli évoque autant ces groupes de reprises, ces fans, que la trajectoire d'une jeune chanteuse métisse qui ensorcèle De Luca, personnage phare de l'oeuvre de l'auteur italien.
Le lecteur est un peu désarçonné par les ressorts d'une enquête dont on perd la direction, entre l'épouse et le mari, le danger communiste ou pas. Heureusement la personnalité de De Luca et son duo avec Giannino donnent des joutes assez savoureuses, un brin classique entre le vieux briscard et le jeune plein d'énergie, mais ça fonctionne encore.

Une affaire italienne (Intrigo italiano. Il ritorno del commissario De Luca, trad. Serge Quadruppani), ed. Métailié, 206 pages, 19 euros
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