14 Juin 2021
Comment Wave - Gonzalez pour l'état civil - chanteur de rock vieillissant et loser pathétique peut-il se retrouver dans une voiture, en Uruguay, avec le cadavre d'un ami mort assis à côté de lui et une jeune femme enceinte dans le siège passager ?
Rien à perdre, premier roman traduit en français de Roberto Montana, perpétue la tradition des road trip foireux, entre Hangover et Little Miss Sunshine. Trois amis quadragénaires, originaires de Buenos Aires, viennent de se retrouver et décident d'un grand week-end de liberté dans la maison de l'un d'entre eux, en Uruguay. Il y a donc Wave, chanteur sans succès, dont l'épouse lui a avoué son infidélité il y a quelques heures. Il y a Le Nerveux, carrément au bord du divorce. Et Mario, sans enfant, sans femme, mais avec une mère plutôt envahissante. C'est lui le chauffeur de cette expédition, censée être joyeuse, au volant d'une superbe Ford Taunus. Superbe, bien que capricieuse. Très vite la situation se crispe pour Wave qui a voulu profiter de ce voyage pour passer cinq kilos de coke. La traversée de la frontière prend ainsi des accents hitchcockiens. Puis, sur la route, Mario ne peut s'empêcher de s'arrêter pour embarquer Fatima, une jeune fille en cloque jusqu'aux yeux...
Roberto Montana a réussi un roman très visuel certes mais cela, parfois au détriment de la narration. Certaines situations semblent forcées ou surviennent un peu abruptement. Bien sûr, il y a du rythme, l'action se déroule sur 24 heures, mais il manque un brin de cohérence, des personnages un tout petit peu plus dessinés. Mais pour ceux qui ont besoin d'une parenthèse délirante, légère, entre crapauds toxiques et caïds en santiags, c'est parfait.
Rien à perdre (La noche en la que nos encontro el pasado, trad. René Solis), ed. Métailié, 159 pages, 18 euros