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The killer inside me

Littérature noire

Les damnés ne meurent jamais : hardboiled passé au (très) noir

Une belle plâtrée de noir. On s'en doute dès ce titre, Les damnés ne meurent jamais. Pourtant, le premier roman de Jim Nisbet, écrit en 1981, est une longue descente dans les affres de l'âme humaine, des jeux sexuels, dans le décor d'une ville de San Francisco perlée de brumes. Une lecture dont on sort un brin essoré.
Martin Windrow traîne son spleen et ses plaies couturées, sa côte cassée, dans des démarches administratives qui conviennent très bien à son rôle de détective privé, lui l'ancien flic du crû. Entre deux cocktails bière brune-oeuf, il tombe sur le cadavre d'une jeune femme, salement amochée au rasoir-sabre. Un vrai carnage. Le voisin, Herbert Trimble, auquel il devait justement remettre un formulaire de divorce, a disparu. Et voilà que c'est son épouse, perturbée juste ce qu'il faut, qui l'appelle. En sortant de chez elle, le voilà qui se retrouve nez à nez avec un sinistre bonhomme et sa canne-épée. Quelques heures plus tard, Windrow apprend que Mrs Trimble est morte depuis plusieurs semaines. Puis cette autre information circule : plusieurs hommes de l'entourage de Trimble s'adonnaient à un sado-masochisme extrême.
Si la colonne vertébrale des Damnés ne meurent jamais renvoient à Chandler ou Ross McDonald, le pessimisme de Nisbet fleure bon le Jim Thompson. Des femmes perdues, des psychopathes du quotidien et ce Windrow qui déguste comme personne. Ajoutez une pincée de flics antipathiques, ou un peu fainéants, et cet opus de Nisbet s'inscrit clairement dans la grande légende du noir qui colle, qui suinte. L'auteur a du talent pour disséquer certaines scène comme cet incroyable cambriolage, de balcons en arbres, dans les ruelles vertigineuses de San Francisco. Et quelle ouverture : "j'ai toujours voulu écorcher vif une femme..." ! Le petit piment qui donne soif, qui donne envie d'en savoir plus. Et tout comme ces premières lignes, la toute fin est une incroyable réussite. Bref, c'est du solide.

Les damnés ne meurent jamais (The damned don't die, trad. Freddy Michalski), ed. Rivages, 183 pages, 7, 65 euros
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