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The killer inside me

Littérature noire

Alors, tout tombe : Blacksad ressort les griffes

Cela valait le coup d'attendre huit ans ! Huit ans depuis la dernière aventure de Blacksad : le pâlot Amarillo.  Diaz Canales (scénario), Guarnido (dessin) et leur chat noir sont de retour et ne font pas de quartier. Alors, tout tombe (titre génial !) - première partie, est une merveille de polar, avec ce qu'il faut de pourriture, de corruption et de douces victimes. Le duo de créateurs ne s'embarrasse pas de préliminaires. Ce n'est pas aussi tragique que dans Quelque part entre les ombres avec cette intro mythique sur le meurtre de Natalia Wilford. Mais cette sixième enquête s'ouvre tout de même avec une pièce de Shakespeare interrompu par la maréchaussée, couleurs explosives, rythme, tension... tout est posé sur la table. Avec dans le rôle du very bad boy, le faucon Solomon, roi du BTP, en cheville avec une crapule de maire dindon. Le marché public tourne autour de la construction de grandes voies de communication et il faut empêcher le syndicat des taupes du métro de freiner ce "progrès". Le patron du syndicat va d'ailleurs demander la protection de Blacksad.
Est-ce parce que les fans ont attendu si longtemps ? Ou cet album est-il vraiment une grande réussite ? Option 2. Parce qu'à la dimension politique, Diaz Canales et Guarnido ajoutent une dimension artistique, avec cette troupe de théâtre devenue gênante pour le pouvoir. Sans oublier la panade dans laquelle s'engouffre Weekly.
Il y a bien sûr plusieurs moments de bravoure dans cet album. Comme lorsque ce chat noir, entre un héros de Crumley et Hamett (avec un soupçon de Canardo, le héros de feu Sokal), piste le président du syndicat dans le métro. Ou lorsque Weekly, son fidèle ami renard, surprend une conversation dans une casse auto. Mais la puissance de Blacksad, ce sont aussi ses seconds rôles. Ici un lama comédienne engagée dans la défense de son art, comme dans la défense des plus démunis. Et ce goéland, tueur miné par une tragédie personnelle.
A la différence des deux précédents opus, le scénario est d'une grande solidité, doté dans ses dernières pages d'une tension maîtrisée à l'extrême. Le tout se terminant sur un cliffhanger qui, forcément, ne fait que rendre l'attente de la deuxième partie plus insupportable.
Bref de la très bonne bande dessinée, niveau ++. On retrouve ce qui avait le succès des premiers numéros. Dans l'intro de la première aventure, Régis Loisel parlait d'une bande dessinée racée. On ne saurait mieux dire.

Alors, tout tombe - Première partie, ed. Dargaud, 58 pages, 15 euros
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