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The killer inside me

Littérature noire

La nuit tombée sur nos âmes : la tragédie oubliée de Gênes

Fidèle à ce qui est un peu devenu sa marque da fabrique, Frédéric Paulin revient en cette rentrée avec un roman autour d'une tragédie récente, en multipliant les points de vue, les angles d'approche. Si le procédé littéraire n'est pas neuf, l'auteur, en appelant la mémoire récente du lecteur y met l'intensité nécessaire pour rendre son texte énergique, tendu, avançant comme un bataillon de la 7e division mobile Roma.
Parce que oui, La nuit tombée sur nos âmes prend pied dans la Gênes de 2001. Dans cette deuxième quinzaine de juillet qui accuillait le G8. Poutine, Bush junior, Tony Blair, Berlusconi, entre autres, et bien sûr Jacques Chirac. Wag et Nathalie, militants d'extrême gauche sont presque des habitués des contre manifestations. Si lui est un trotskiste de moins en moins convaincu, elle, est une indépendante, persuadée que la violence est le seul lanage possible face à la violence légale. Mais les forces de l'ordre italienne, largement infiltrée par l'extrême droite qui a permis à Berlusconi de se hisser au pouvoir, n'ont que mépris, voire haine pour ceux qu'ils appellent les "communistes". L'antagonisme politique outre-alpin est toujours là. Franco de Carli, chemise noire du XXIe siècle, est conseiller à la sécurité au ministère de l'intérieur et n'imagine même pas que le dernier mot puisse rester aux contre manisfetsants. Laurent Lamar, lui, est chargé de communication auprès de Chirac. Martinez et Cazalon, eux, sont deux agents de la DST qui "tiennent" Wag pour une vieille affaire de stups et s'en servent comme balance. A Gênes, le duo d'agents va infiltrer les manifs. Enfin, Génovefa Gicquel, envoyée spéciale du JDD, va couvrir le G8 côté rue. A partir du 17 juillet, au fil des heures, la violence va grimper ses échelons, inexorablement, offrant la vision d'une ville dévastée, en sang.
Le roman de Frédéric Paulin est passionnant parce qu'il nous replonge dans une ambiance qui n'est plus. Celle de la contestation internationale de ces années-là, quand les groupes d'opposition rêvaient d'une autre marche du monde et le faisaient savoir.  La nuit tombée sur nos âmes est donc, et avant tout, un roman politique, un roman engagé et un roman documenté. Sur la construction du phénomène Berlusconi par exemple, et c'est toujurs fascinant de voir les arrangements avec la morale. Meme si ce n'est pas nouveau. Paulin s'attarde aussi sur Jacques Chirac, monstre de politique, tentant de tirer son épingle de ce jeu sinistre.
Après, il y a le talent de Paulin pour raconter les scènes de baston, d'affrontements, les fuites dans les strette de la vieille Gênes. C'est violent et le roman, comme la police italienne, agit comme une nasse, avec des dernières scènes suffocantes.
La nuit tombée sur rnos âmes aurait sans doute gagnée à développer la psychologie de Wag et Natahalie, à les rendre plus épais, leur offrir une dimension encore plus importante. L'auteur de la trilogie Benlazar parvient à partager l'effroi devant le chaos, la peur devant les tonfas et la colère face à cette violence d'Etat. Le roman sourde d'une colère sagement contenue depuis vingt ans, d'une émotion encore bien présente. C'est aussi une des réussites : faire passer, sans excès, ce sentiment d'injustice et aussi une impression d'amère défaite.

La nuit tombée sur nos âmes, ed. Agullo, 272 pages, 21, 50 euros.
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