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The killer inside me

Littérature noire

La nuit du Jabberwock : les aventures nocturnes d'un journaliste assoiffé

Roman culte du catalogue Rivages, La nuit du Jabberwock a d'abord été publié il y a une douzaine d'années et plus anciennement, dans les années 60 par un autre éditeur, sous le titre Drôle de Sabbat. Brown, son auteur, décédé aux débuts des années 70, est surtout connu pour ses récits de SF et tout spécialement l'hilarant Martiens, go home, un truc inclassable d'intelligence et de drôlerie. Mais en fait, il se révèle que cet auteur a plus un solide CV d'auteur policier que de SF. Et cette Nuit du Jabberwock constitue l'une des pierres angulaires de son oeuvre. Pourtant, il n'y a rien de traditionnellement noir dans ces 200 pages.
Doc Stoeger est le patron d'un petit canard de province à Carmel, Illinois. Son hebdomadaire boucle le jeudi soir et c'est le moment où, traditionnellement, il va s'en jeter un, et même plusieurs, chez Smiley, le bar en face du journal. Ce soir-là il se plaint de n'avoir jamais rien de sensationnel à écrire depuis 20 ans. Sauf que justement il va être appelé pour l'accident de voiture de son meilleur ami. Pour une évasion de l'hôpital psychiatrique tout proche. Il va tomber nez à nez avec un malfrat recherché jusqu'à Chicago. Et un étrange Yehudi Smith l'attend chez lui pour lui parler de leur passion commune pour Lewis Carroll. La nuit va être très longue.
Déroutant, La nuit de Jabberwock, l'est. Mais c'est aussi un roman très malin qui joue avec le lecteur à travers l'oeuvre de Lewis Carroll. Fredric Brown rappelant en préambule qu'Alice au pays des merveilles n'est pas censé être un livre pour enfants. Alors, il faut se laisser embarquer dans ces douze ou quinze heures de la vie de Doc Stoeger. C'est un peu délirant, très 50's avec ces bandits en berline américaine, mais c'est incroyablement écrit. Puis le roman bascule dans le polar et prend une autre dimension.
La nuit du Jabberwock a sans doute un peu vieilli. Cela n'en reste pas moins un incroyable texte, très osé, brouillant les codes avec un héros, grand lecteur, tétant le goulot à longueur de pages. Bref, désarmant.

La nuit du Jabberwock (Night of the Jabberwock, trad. France-Marie Watkins), ed. Rivages, 239 pages, 7, 80 euros
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