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The killer inside me

Littérature noire

Parasites : ce violent cauchemar des punaises de lit

Ben H. Winters est un auteur insaisissable. Auteur de la formidable trilogie d'anticipation Dernier meurtre avant la fin du monde chez les très regrettées éditions Super 8 (enfin, au moins regrettées par ce blog), le quadragénaire originaire du Maryland a ensuite sorti deux romans remarqués de science-fiction chez ActuSF, Underground Airlines et Golden State. Et en juin, c'est Sonatine qui a décidé de sortir son premier roman, paru en 2011, Parasites ( Bedbugs en VO). Bon, le titre original en dit un peu plus long : punaises de lit ! Parce qu'à cette époque, il est vrai que New-York, où se situe le roman, est littéralement envahi par cette bestiole. Au point qu'Abercrombie & Fitch, Nike ou Victoria Secret avaient fermé leurs boutiques.
Mais quand Susan et Alex, les protagonistes de Parasites, s'installent avec leur fille de trois ans, à l'étage d'une ancienne maison de Brooklyn à vrai dire tout a l'air parfait. Peut-être un peu trop, avec ce loyer tellement abordable. Mais bon, des coups de chance cela arrive. Et puis la propriétaire, la vieille Andrea, habite juste en dessous, toujours dispo pour donner un tuyau sur le quartier ou effectuer une réparation. Si Alex travaille dans la photographie de studio, et spécialement la photo de bijoux, Susan a arrêté son job dans le droit pour se relancer dans la peinture. Tout va bien jusqu'au jour où la jeune épouse pense voir une minuscule tâche de sang sur la taie d'oreiller. Confirmation rapide : trois piqûres sur l'avant-bras. Pourtant les punaises de lit, si ce sont des punaises, sont invisibles. Et ni Alex, ni sa fille ne semblent toucher. Un soir de transe, Susan peint le portrait de la précédente locataire, à partir d'une photo trouvée par terre. Le lendemain elle se rend compte qu'elle a ajouté, sur sa toile, trois boutons sur la joue. Glissant dans la névrose, elle commence à gratter jusqu'au sang ses piqûres. Alex l'emmène voir un médecin. Il ne constate pas d'autres piqûres. Un exterminateur vient et ne remarque pas de traces de punaises dans toute la maison...
Parasites est vraiment un petit roman malin. Faisant monter la tension à travers ce personnage de jeune mère au foyer, pétrie de questionnements sur sa vie professionnelle, sentimentale aussi, sur son talent ou pas. Et sur cette parano de la punaise de lit. La schizophrénie s'installe doucement, les démangeaisons, les hallucinations, les soupçons sur le mari. Ben H Winters réussit à perturber son lecteur et on retrouve ainsi ce qui fait le charme des romans de Stephen King, des situations extra-ordinaires dans un monde ordinaire. Tout cela fonctionne très bien. Sans être un très grand roman et sans se prendre pour tel, Parasites remplit sa mission de divertissement de qualité, comme le faisait d'ailleurs Dernier meurtre avant la fin du monde. Une bonne idée, une bonne mécanique et  le lecteur en a pour son argent. Oui, la fin est un peu grand guignolesque. Mais cela ne fait pas oublier les 230 précédentes pages.

Parasites (Bedbugs, trad. Pierre Szczeciner), ed. Sonatine, 263 pages, 20 euros.
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