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The killer inside me

Littérature noire

De l'or dans les collines : la ruée vers l'or version migrants chinois

Ce sont deux soeurs, Lucy, 12 ans, Sam, 11 ans, de parents chinois. On est en 1862 dans le nord de la Californie et sur le dos de leur jument, elles trimballent une malle avec le cadavre de leur père, décédé il y a plusieurs jours. Elles cherchent le "chez soi" idéal pour inhumer ce père brutal, chercheur d'or, puis mineur dans le charbon, anéanti par la perte de sa femme.
L'ouverture de De l'or dans les collines, premier roman de C Pam Zhang, offre un étrange frisson, une vision cauchemardesque, un négatif de la ruée vers l'or, du rêve américain. En croisant les époques : Lucy et Sam avec leurs deux parents lorsque le père travaillait dans le charbon et, la nuit, jouait, avec succès, les orpailleurs. Mais aussi, la rencontre du père et de la mère, lui, Californien d'origine chinoise, elle tout juste débarquée d'un bateau avec 200 de ses compatriotes. La narration est alambiquée, parfois déroutante, parce qu'elle mêle aussi tout l'imaginaire chinois, du fantasme d'un tigre qui rôde aux préceptes d'une mère remplie de sagesse ancienne. Et puis, c'est une évidence, il y a, déjà dans ce XIXe siècle, un choc de cultures tout autant qu'un racisme omniprésent, que ce soit envers les enfants ou les parents. 
De l'or dans les collines ne se veut heureusement pas une dénonciation frontale ou un discours politique. Plutôt un roman initiatique moderne, Lucy et Sam apprenant chacune l'une de l'autre, se disputant, confrontant leurs caractères, se séparant un temps pour vivre leurs aventures.
La vie des premiers migrants chinois aux Etats-Unis reste assez peu documentée, au regard de l'histoire des Irlandais, des Italiens ou même des hispaniques. C'est tout le talent de C Pam Zhang d'avoir ainsi mis en fiction les premiers pas de ses compatriotes il y a 150 ans. Un roman qui a connu un vrai succès aux Etats-Unis. A noter que Seuil, à la différence des éditeurs américains ou anglais, a choisi de mettre des chevaux en couverture plutôt que les tigres des éditions originales. Une option qui, du coup, lève un brin de l'aura magique qui entoure ce texte.

De l'or dans les collines (How much of these hills is gold, trad. Clément Baude), ed. Seuil, 328 pages, 21 euros
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