Littérature noire
18 Juillet 2022
Un caïd mexicain qui pratique le naturisme, son bras droit plus énorme qu'une armoire normande XXL, un détective privé qui élève des cochons, un vieux pêcheur expert de la machette... les seconds rôles de Tsunami mexicain, la septième aventure de Hap et Leonard (2001), frôlent la démesure. Mais, bien sûr, c'est sur ce terrain que Joe R. Lansdale est le meilleur : lorsque les choses dérapent.
Parce que tout commence bien finalement. Presque bien. Hap et Léonard sont vigiles dans une usine de poulets ("le sexe et la transformation des poulets. Deux des grands mystères de la vie"). Après sa garde, Hap se retrouve nez à nez avec un violeur camé jusqu'au bout des ongles qui est en train de massacrer une jeune fille. Après une bagarre homérique,, il sauve la demoiselle, dans un triste état, et celle-ci n'est autre que la fille du patron de son usine. Qui, en guise de remerciement, offre 100 000 dollars à Hap. Et un peu de repos. Que celui-ci décide de passer, pourquoi pas, sur une croisière avec son pote Léonard. Sauf qu'ils commencent par s'embrouiller avec un majordome. Puis ils ratent la navette après une excursion au Mexique. Se font attaquer par des flics déguisé. Se retrouvent mélés à la dette du pêcheur à la machette. Et tout cela part vraiment en sucette quand une première victime se fait raccourcir des pieds et des mains dans une chambre d'hôtel. Puis quand c'est l'ami d'Hap et Leonard qui y passe violemment, chez eux, au Texas.
D'accord, d'accord, parfois l'histoire de Joe R. Lansdale tient avec un bout de ficelle d'une piêtre solidité. D'accord, l'histoire des bas-reliefs mayas apparaît comme un cheveu sur la soupe. Mais avec Hap et Léonard, ce n'est jamais le plus important. Ce qui compte réellement, c'est l'humour et la bagarre. Tout simplement. On est à deux doigts du pulp, avec des méchants très méchants et des jolies filles très jolies. Et tout cela sans jamais se prendre trop au sérieux. La légèreté, si jamais c'est le terme, fait la différence. Après tout Hap est amoureux comme un ado de Brett. Et Léonard vit une homosexualité complète avec John, celui qui se met à offrir du thé dès qu'il stresse. La violence du monde ne freine aps les sentiments.
Tsunami mexicain est du vrai divertissement, de l'entertainment. Et les scènes de croisière sont absolument hilarantes, Lansdale déversant toute son acidité sur ce tourisme mortifère. Au final, un bon crû.
Tsunami mexicain (Captains outrageous, trad. Bernard Pons), ed. La Série Noire, 351 pages, 21, 50 euros