Littérature noire
29 Août 2022
Après Leur domaine, il y a un peu moins de douze mois, Jo Nesbo poursuit ses aventures loin de celles de Harry Hole. Cette fois, le Norvégien s'essaye à la nouvelle. Et c'est plutôt une franche réussite. Malgré ce titre, De la jalousie, les sept textes parviennent à être assez différents, même si effectivement, il y est beaucoup question de relations amoureuses trahies, déçues.
Le coeur de ce recueil est soutenue par les 140 pages de Phtonos, petite mécanique jubilatoire sur la gémellité et, par la même occasion, sur l'escalade, grande passion de l'auteur. C'est précis, c'est redoutable. On a un faible aussi pour Déchet, parce que c'est inattendu, original, de placer ainsi une intrigue dans un camion poubelle avec deux personnages parfaitement réussis. Londres est également saisissante : cette femme en pleurs dans la classe affaires, son voisin qui lui fait la discussion le temps du vol avant de tomber amoureux.
Sept nouvelles et un Jo Nesbo vraiment au somment de sa forme, un Jo Nesbo moins violent que dans sa série Harry Hole, qui n'en rajoute pas, qui fait presque du soft. Presque, attention.. Peut-être que le lecteur ne trouvera pas son compte dans chacune des nouvelles (La file d'attente est un brin moins spectaculaire) mais toutes offrent le vrai plaisir de ces histoires courtes : une emprise immédiate, un déroulé rapide et une chute impensable. On pourrait prendre le temps de comparer l'art de la nouvelle par Nesbo avec celle des Américains. Mais c'est peine perdue : quand outre-Atlantique, on verse dans le social, le sociologique, Nesbo a choisi d'emblée un thème à travers son titre. Ici, on est plus dans le divertissement de haute volée plutôt que dans le témoignage d'une époque, d'un lieu.
De la jalousie (Sjalusimannen og andre fortellinger, trad. Céline Roman-Monnier), ed. La Série Noire, 342 pages, 19, 50 euros