Mélatonine : rions entre France oubliée et partouzes canines

21/09/2022 11:33

Je souffrais d'éjaculation précoce et de verrues plantaires récidivantes, j'étais accablé par un psoriasis chronique, convaincu d'avoir une trop petite bite et rongé de culpabilité pour avoir abandonné mon chien en plein quartier chinois. " Pastiche du Sérotonine de Michel Houellebech, Mélatonine, de Pascal Fioretto, est paru la même année, en 2019, et demeure un grand pourvoyeur de joies et de rires incontrôlables.
Dans ces 151 pages, Marcel Klouellebecq se désespère de ne plus trouver la flamme pour écrire. Et désespère aussi son agent, son éditeur, les journalistes et les lecteurs. Mais c'est normal : "l'enfant terrible des lettres françaises " est heureux, apaisé. Il ne peut plus écrire la laideur du monde, la chute sans fin de l'Occident. Pour recharger ses accus d'acidité et de morosité, une amie, surnommée la Grande Orale, lui enjoint de rejoindre la diagonale du vide, cette France triste, beauf, laide, où il ne se passe rien. Et le voilà qui part de Paris, cap à l'Est, vers Morneuil-le-Vieil. Il décide de s'y installer durablement mais en attendant d'acheter un pavillon tout crépi, il pose ses valises dans un gîte tenu par un couple d'homosexuels.
Pascal Fioretto a deux qualités : il ne se pose pas de limites. Et il connaît l'adage qui veut les meilleures blagues sont les plus courtes. Mais 151 pages lui suffisent à donner des crampes à ses lecteurs qui, pressés de partager, les punchlines envoient à toutes leurs connaissances extraits sur extraits via whatsapp et autres. Mélatonine est très drôle pour peu que l'on goûte le pastiche, l'humour graveleux, et noir. Même pas la peine de connaître l'oeuvre de Houellebecq. Des scènes de partouze avec setter irlandais et dogue argentin, à la visite de l'Intermarché de Morneuil, tout est sujet à rire, fort et longtemps. Le type de livre que l'on conserve près de soi, comme les BD de Gotlieb, pour le ressortir entre amis.

Mélatonine, ed. Robert Laffont, 151 pages, 15 euros