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The killer inside me

Littérature noire

Black Bird : quand un dealer confesse un serial killer

Les livres sur les serial killers sont globalement barbants, se limitant à une énumération des meurtres, une étude psychologique, un procès et basta ! Il y a une forme de distance et le lecteur se retrouve souvent pris au piège du voyeurisme, sans rien de plus. Black Bird va au contact et c'est toute la différence.
A Kankanee, énième bled de la banlieue de Chicago, Jimmy Keene est, à seulement trente-trois ans, une personnalité : beau gosse, ancien footballeur américain au lycée, tout lui réussit et surtout le business de la came. Jusqu'à ce jour de novembre 96, quand la DEA défonce sa porte et vient le cueillir. C'est la deuxième fois qu'il se fait pincer et cette fois c'est la bonne pour le procureur Beaumont qui lui colle recta, dix piges à l'ombre. Catastrophe dans la famille Keene qui s'imaginait loin de ces affres. Même pour le père, figure tutélaire, de Jimmy. Quelques semaines plus tard, le même procureur propose un drôle de marché au jeune taulard : il se rapproche de Larry Hall, un présumé serial killer de l'état voisin de l'Illinois, aux fers dans la grande prison psychiatrique de Springfield pour le meurtre reconnu de Jessica Roach. Il gagne sa confiance, lui fait avouer l'enlèvement de la jeune Tricia Reitler, là où il a enterré son corps et pourquoi pas d'autres crimes de cette région. Parce qu'il y a de vraies présomptions, à travers le modus operandi, pour que Larry Hall, pas seul dans sa tête, soit un autre de ces America's most wanted. Mais son avocat est un crack du barreau qui, pour l'instant, lui évite le pire. La mission est ardue mais il y a une remise de peine au bout.
Le lecteur suit donc Jimmy Keene, auteur du livre avec le romancier Hillel Levin. On y lit ses doutes, son affection sans bornes pour un père un brin loser, son enfance d'américains moyens et puis ses transferts de prison, ses bagarres, dans lesquelles il excelle en tant qu'ancien pratiquant d'arts martiaux. Il va croiser des gangs de blacks, mais aussi des mafieux new yorkais (John Gotti). Jusqu'à Larry Hall. Le FBI lui demande de prendre son temps. Lui y va bille en tête, pour sortir plus vite.
Black Bird a quelque chose de fascinant dans ce qu'il révèle aussi de la justice américaine, des antagonismes entre services, des difficultés à traquer un individu sur plusieurs états, des méthodes folles pour obtenir des renseignements, des conditions carcérales (même si ça, ce n'est pas nouveau). C'est aussi le portrait de deux Amérique, celle pauvre, de Larry Hall, celle moyenne, de Jimmy Keene. Au final, un true-crime vraiment réussi,, très rythmé, avec une fin à peine croyable.
Ce livre était sorti il y a dix ans, sous le titre Avec le diable. Sonatine le remet au goût du jour à l'occasion de l'arrivée, cet été, de la série du même nom, tourné par Dennis Lehane pour Apple TV.

Black Bird (In with the devil, trad.  Fabrice Pointeau), ed. Sonatine, 257 pages, 21 euros
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