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The killer inside me

Littérature noire

La baignoire de Staline : l'espion Philby en Géorgie

Mazette la bonne surprise ! Un roman d'espionnage, dans une ex-République soviétique, avec une poignée d'agents du renseignements et d'anciens sbires du KGB, un mort, puis deux, trois. La baignoire de Staline ne se prétend pas le roman noir de l'année mais il est suffisamment intelligent, sobre, pour ravir l'amateur de Le Carré par exemple.
Début d'été 2009. Sébastien Rouvre est découvert assassiné dans une chambre d'hôtel. L'inspecteur Shenguelia est chargé de l'enquête. Il informe l'ambassade française et notamment René Turpin, chargé de mission. Tous deux vont essayer de comprendre comment ce jeune précepteur des enfants d'un oligarque géorgien a pu se fourrer dans des problèmes qui exigent un tel assassinat. Apparemment, Rouvre traînait à l'ouest de la Géorgie, à Tskaltubo, ancienne cité thermale soviétique. Il "collectait" d'ailleurs quelques vestiges, y compris dans la datcha de Staline, totalement abandonnée, qu'il envoyait à Washington, au futur musée de la Guerre Froide. C'est son maître de mémoire, un Canadien, qui dirigeait ce projet... installé dans l'ancienne maison du fameux agent double Kim Philby. Un Kim Philby qui avait d'ailleurs séjourné plusieurs fois en Géorgie à la fin des années 60. Et c'est justement cette période que Sébastien Rouvre tentait d'exhumer.
Bien rythmée, La baignoire de Staline prend le temps à la fois d'expliquer l'histoire de Phylby comme celle, plus récente, de la Géorgie et de ses relations agressives avec la Russie, ogre toujours avide de territoires comme le dit Shenguelia : " le message est clair. On ne quitte pas l'Union Soviétique. Elle est toujours là. Impalpable. Menaçante. " Mais Renaud S. Lyautey, l'auteur, par ailleurs diplomate, se garde d'écrire une thèse de géopolitique. Le roman éclaire plutôt cette Géorgie finalement assez peu connue et donne carrément l'envie d'y passer quelques jours, au bord de la Mer Noire ou bien dans ces montagnes arides, à déguster quelques plats, quelques vins, qui embaument ces pages. Les romans d'espionnage sont trop rares pour se priver de celui-ci, prouvant que oui, le genre vit toujours, et même plus que jamais, malgré la chute du Mur de Berlin.

La baignoire de Staline, ed. Seuil, 210 pages, 18, 50 euros
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