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The killer inside me

Littérature noire

Plus bas dans la vallée : petit shoot de Ron Rash

Le temps a paru long depuis mars 2019 et Un silence brutal, le précédent Ron Rash. L'auteur de Caroline du Nord revient ce mois-ci avec Plus bas dans la vallée, un recueil de nouvelles qui laisse, avouons-le, un sentiment mitigé. Et ça, c'est la faute de la première et principale nouvelle qui donne son titre au recueil : une suite à Serena, le chef d'oeuvre féminin et sylvestre du bonhomme. Serena, cette diablesse patronne, patronne d'une exploitation forestière, à la longue chevelure blonde. Ange maléfique et son affreux Galloway en homme de main à qui il en manque une. Mais voilà, c'est trop court ! La nouvelle s'étire sur 110 pages, c'est beaucoup et trop peu. Rash nous offre ce qu'il faut de scènes de pure folie, dans ces bois où règnent mocassins d'eau, où les frelons attaquent les bûcherons, sans oublier la fuite du malheureux Meeks et la scène finale dans la cantine. Une ambiance de western, sans saloon, ni colts, mais avec une tension incroyable, de la vraie violence et, derrière, cette destruction complète d'une forêt. " Rien ne bougeait sur les pentes. Pas un écureuil ne caquetait, pas un oiseau ne poussait son cri, pas un arbre ne bruissait. Seulement le silence. "
Pour le lecteur qui avait besoin d'un bon shoot de rural noir, il reste les autres nouvelles. Par exemple, Les voisins, jouant sombrement sur la dualité du Tennessee durant la Guerre de Sécession, certains comtés rejoignant l'Union, d'autres la Confédération, semant la haine et la paranoïa dans les deux armées. Il y a également la douce humanité d'Une sorte de miracle avec ce personnage tellement rashien de Carlyle, bienveillant, revenu sinon de tout, du moins de pas mal de choses.
Au total, une suite de Serena et six nouvelles pour un panorama quasi historique de la richesse, de la complexité de cette région des Great Smoky Mountains. C'est très bien mais c'et un peu court. On imagine bien que Ron Rash travaille sur un projet plus ambitieux, que ce recueil est une sorte de passage de gué, un moment offert aux lecteurs pour patienter. Plus bas dans la vallée est un bon Ron Rash mais on attend déjà plus.

Plus bas dans la vallée (In the valley, trad. Isabelle Reinharez), ed. La Noire, 129 pages, 19 euros
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