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The killer inside me

Littérature noire

Un bon indien... : le long hiver des Blackfeet

Un caribou mâle, cela pèse dans les 180 kilos en moyenne. Ce qui est pas mal de bidoche quand on est un indien fauché qui passe l'hiver dans sa réserve du Montana. Alors cette veille de Thanksgiving, quand Cass, Ricky, Lewis et Gabe, quatre amis Blackfeet qui n'ont pas inventé l'eau tiède, aperçoivent tout un troupeau, peu importe que ce soit dans la zone réservée aux Anciens. Ils tirent. Comme des viandards. Et Lewis, dans cette folie de groupe, se voit en train d'abattre une jeune femelle. Enfin, elle prend bien sa chevrotine, mais elle se relève, le fixe. Comme sous une douche froide, pétri de croyances malgré tout, Lewis y voit un signe, jure de ne pas faire n'importe quoi avec la viande de cette proie. Au moment, où, en pleine tempête de neige, il la dépèce, il constate qu'elle était presque à terme. Moment où le garde-chasse surprend le quatuor et leur interdit pour dix années, de chasser le caribou.
Justement, dix années ont passé. Ricky vient de se faire trucider à la sortie d'un bar d'ouvriers. Lewis a quitté la réserve pour vivre avec une Blanche mais ça ne tourne pas très rond dans sa tête, il commence à voir des femelles caribous un peu partout. Cass et Gabe, eux, prépare une hutte de sudation pour une cérémonie avec un ado...
Un bon indien est un indien mort peut se lire de deux manières. D'abord, on adhère à l'écriture un peu perchée de Stephen Graham Jones et surtout, on accepte une première partie assez longue où il est question de ventilateur de plafond, de Harley et de chien. Parce que l'auteur s'appuie essentiellement sur la mythologie du peuple Blackfeet et sur la dérive des jeunes générations pour créer une forme de malaise. La seconde partie se révèle plus rythmée, avec une vraie apparition et un match de basket tendue, bien que truffé de termes techniques qui, comme souvent dans ces cas-là, éloigne un peu le lecteur de l'essentiel. Au final, à travers le caribou, c'est bien de sa tribu, de sa culture; dont veut parler Stephan Graham Jones, de ce peuple et de sa disparition.
En revanche, on peut très vite décrocher d'Un bon indien est un indien mort. Cette première partie, avec cette scène de l'escabeau, semble durer trois plombes avant d'exploser dans une cascade de raisiné. La seconde, effectivement, en pleine réserve, est plus dynamique mais il ne faut pas être trop terre à terre, accepter d'entrer dans le jeu de l'auteur.
A l'arrivée, une impression très mitigée. Le résultat n'est pas aussi faible que dans Justice indienne mais on est bien sûr très loin de Tony Hillerman. Cela manque, dira-t-on, d'un brin de psychologie, d'une épaisseur dans les personnages.

Un bon indien est un indien mort (The only good indians, trad. Jean Esch), ed. Rivages, 346 pages, 23 euros.
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