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The killer inside me

Littérature noire

La leçon du mal : l'Education Nationale à la japonaise

Comme une grosse envie de romans japonais, de salutations polies et de nouilles sautées. C'est que Natsuo Kirino se fait rare... et puis voilà que passe, ici et là sur les réseaux, cette Leçon du mal, de Yusuke Kishi, auréolée d'une réputation flatteuse.
Seiji Hasumi est un professeur d'anglais charmant et charmeur au lycée Shinko Gakuin. Il a le don de séduire autant ses élèves, que ses collègues. Enfin, pas tous. Là, ce qui le contrarie, ce sont les deux énormes corbeaux qui se posent devant sa fenêtre tous les matins. Ce petit jeu a assez duré et un matin il installe un perchoir relié à un transformateur. Un des corvidés est bon pour une décharge fatale. Dans sa classe aussi, il y a du ménage à faire. Avec un élève trop turbulent à ses yeux. En manipulant les téléphones des camarades, confisqués, en écrivant de faux témoignages, il parvient à l'écarter définitivement. Quand une élève vient l'alerter sur l'attitude du prof de sport avec une de ses camarades, Hasumi intervient et parvient à séduire la pauvre victime, jusqu'à l'emmener dans son lit. Enfin, plutôt le lit de l'appartement du prof d'arts plastique qu'il fait chanter. Dans un patient engrenage, sa relation, illégale, commence à transpirer. Psychopathe complet, Hasumi va devoir se débarrasser des importuns. Les adultes. Et puis aussi les ados.
Pour être honnête, les deux premiers tiers de La leçon du mal tiennent parfaitement la route. Seiji Hasumi est une ordure au sourire enjôleur, aux paroles convaincantes, toujours attentionné, prévenant. Ce n'est peut-être pas de la première originalité mais cela fonctionne rudement bien dans l'ambiance d'un lycée japonais, très à cheval sur les protocoles et les apparences. Yusuke Kishi n'en fait pas encore des tonnes et la scène de l'accident de voiture avec le professeur Sanada vaut sans nul doute son lot de shots de saké cul-sec. Mais voilà, l'engrenage abouti à une (très) longue scène finale dans le lycée qui tient un peu de Battle Royal et de tous ces films de survival japonais. Avec bien sûr, tout un lot de gadgets pour donner ou éviter la mort : un javelot, une guitare trafiquée, un arc, des fumigènes... là, le lecteur tombe vraiment dans le thriller tendance boudin noir, ça tue, ça charcute, ça implore aussi. On quitte la perversité pour du sadisme et ça manque un peu de finesse. Mais cela réjouira sans nul doute les amateurs.
Au final, le sentiment est mitigé. Une bonne dose de Japon, avec ses relations sociales complexes, ses murges au comptoir après bosser, et, plus surprenant, ou pas, une pédophilie latente chez les profs. Et puis cette overdose de plomb et de rhésus les plus divers. Pas une lecture trop désagréable mais pas inoubliable.

La leçon du mal (Aku no Kyoten, trad. Diane Durocher), ed. Belfond, 534 pages, 24 euros
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D
Bonjour, j'ai lu du bon et du moins bon sur ce roman qui m'attend dans une de mes PAL. Je suis fan des roman policiers japonais mais celui-ci a l'air dur. Bonne soirée.
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T
J'attends votre avis dans ce cas.
H
Ce serait un fort bon livre s'il n'y avait en effet cette surenchère dont ont ne sait pas s'il faut en rire ou en soupirer
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T
Voilà. Mais c'est un truc que l'on retrouve aussi dans leur cinéma. C'est étonnant comme cela manque de finesse.