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The killer inside me

Littérature noire

Un simple enquêteur : scènes du crime quotidien au sud de Tel-Aviv

Avi Avraham a le blues. Chef du service investigation et renseignements à Holon, dans la banlieue sud de Tel-Aviv, il a ce sentiment creux de ne servir à rien, de courir après les voleurs de poules, au lieu d'enquêter sur des dossiers qui pourraient vraiment changer la vie des gens. Il demande donc une mutation à son supérieur. Dans l'attente, il doit contenir sa peine après la mort, suite à une longue maladie, de sa cheffe bien aimée, composer avec sa femme et surtout, traiter l'actualité criminelle. Pour l'instant, il y a un nourrisson abandonné devant un hôpital et un touriste parti d'un hôtel sans payer. Il prend ce dernier cas. Curieuse affaire puisque lorsqu'il arrive à l'hôtel, on l'informe que deux hommes, de la famille du touriste, sont venus payer le séjour. Sans donner leur nom, sans montrer de pièces d'identité. Ils sont même partis avec les valises du client, qui se révèle être un septuagénaire français, évanoui dans la nature depuis la veille cinq heures du matin. Dans l'histoire du bébé, une femme est convoquée au commissariat : la vidéo surveillance l'a filmée avec le sac noir qui contenait le nouveau-né. Elle commence par nier. Puis déclare que c'est son bébé. Affirmation démentie par le test ADN. Qui cherche-t-elle à protéger ? L'une de ses filles subitement partie à Paris ? C'est aussi en France que mène la piste du touriste disparu, finalement retrouvé mort en mer... après avoir subit un copieux passage à tabac.
Les polars de Dror Mishani sont d'une extrême délicatesse. Le récent Une deux trois peignait des portraits de femmes magnifiques tandis que Les doutes d'Avraham, plus ancien, donnait déjà à suivre les interrogations de ce policier subtil et humain. Un simple enquêteur poursuit cette fibre humaniste, mêlant l'esprit d'un Mankell (qu'il cite ici volontiers), avec cette fois, un rien de John Le Carré, à travers l'apparition supposée du Mossad. En proposant ces deux enquêtes, Mishani offre deux visions de la vie, qui se recoupent pour son héros. Les envies de grandeur, d'enquêtes internationales à travers le cas du touriste, se heurtent à la réalité de son quotidien, incarné par ce malheureux bébé et les auditions de cette mère seule, un peu barrée. Deux facettes du monde, la grande et la petite histoire, les fantasmes et le concret. Mais l'auteur, qui n'a pas oublié d'être intelligent, parvient à glisser une petite réflexion sur le religion, sur ce qui oppose encore les peuples dans ce morceau du Moyen-Orient. C'est sans morale, sans prêche, tout en simplicité, comme l'annonce le titre. C'est très fort et diablement original.

Un simple enquêteur ( Emuna, trad. Laurence Sendrowicz), ed. La Série Noire, 339 pages, 21 euros
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