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The killer inside me

Littérature noire

Dans le futur, la démocratie sera un combat

Victor tient dans sa main le dernier Neuron, cube d'acier, permettant de rétablir un réseau d'informations, de transmissions, qui permettra un contre-pouvoir face aux nations des Etats Associés. Les rebelles NeuronIstes sont traqués, éliminés, mais ils gardent la foi. Sauf que Victor, au moment de remettre le Neuron, tombe dans un piège. Capturé, torturé, ses geôliers ne peuvent trouver le fameux cube : Victor est devenu le Neuron. Son cerveau multiplie les connexions par milliers, par centaines de milliers. Le réseau grandit, il est désormais inarrêtable et le pouvoir en place vacille. Tout n'est pourtant pas si simple car au sein des rebelles, trahisons et scissions se font jour.
Roman dystopique, très politique et donc philosophique, Les derniers maillons confirme l'incroyable talent de conteur de Boris Quercia. On sait l'auteur très concerné par toutes les questions de démocratie, mais comment peut-il en être autrement quand on est Chilien ?, et là il s'empare de la question totalitaire avec une certaine justesse, ne tombant pas dans le cliché des dictatures des années 70, présentant des régimes qui n'hésitent pas à dégommer leurs leaders mais demeurent des placebo de démocraties, imposant leurs vues et surtout faisant taire toutes contestations. Il y a donc un massacre de civils, une chasse à l'homme, des drones tueurs, des robots pour la torture et d'autres robots pour soigner... tout cela offre une impression de futur assez proche et accentue le malaise du lecteur. Bien sûr, il y a un espoir avec Victor. Mais il est mince. Surtout quand Quercia narre les origines de ce système de gouvernement, la guerre totale qui a précédé, les techniques d'extractions de conscience. Les derniers maillons respecte les codes du genre et comme les meilleurs romans de SF, il interroge l'humanité, les fondements démocratiques, pointe les dérives. Pour les non initiés, la science fiction est parfois ardue, tellement inventive, parfois trop pour certains lecteurs, il n'empêche qu'aujourd'hui de belles plumes du polar s'y plongent (Brookmyre, St John Mandell, Quercia donc) et le résultat est bluffant.
A noter que ce texte est directement publié en France, par Asphalte, dans l'attente d'une autre traduction.

Les derniers maillons (trad. Gilles Marie), ed. Asphalte,182 pages, 20  euros, 
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