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The killer inside me

Littérature noire

Alors, tout tombe : c'est du génie

Guarnido et Canales maintiennent, vingt-trois ans après le premier tome Quelque part entre les ombres, le niveau de qualité et d'exigence de leur série Blacksad. Incontestablement une des plus belles aventures de bande dessinée pour adultes, qui croisent l'univers du polar et l'ambition artistique. Avec le second volet de Alors tout tombe, le duo clôt une histoire qui a pris le temps de se donner du souffle, de l'épaisseur. Diaz Canales prend toujours soin des personnages secondaires, sans parler des méchants mais, bien entendu, avec 56 pages supplémentaires, la psychologie se renforce, les caractères s'affinent. Petit rappel du premier épisode : John Blacksad, dans son New-York des années 50 (hello Edward Hopper), se retrouve face à un entrepreneur vorace qui capte les marchés publics de la ville et n'hésite pas à éliminer les importuns. Dans l'ultime case, il retrouvait son crush, perdue depuis deux albums, Alma (lire Ame rouge)...
C'est peu de dire que le second tome de Alors, tout tombe comble tous les espoirs, les désirs des fans de la série et des amateurs de bonne BD simplement. Le scénario suit une dramaturgie parfaite, collant aux codes du genre, avec ce qu'il faut de corruption, d'injustices, de malheurs personnels et d'un soupçon de jalousie. Weekly, le renard journaliste, ami intime de Blacksad est accusé du meurtre d'une directrice de compagnie de théâtre, le tueur à gages du roi du BTP est pisté et New-York sombre dans une tempête de neige... A ce sujet, la 31e page, classique dans son découpage, montre tout le talent de ce duo alors que le personnage de Shelby marche sous une marée de flocons et que la ville est frappée d'une coupure de courant. Une tragédie en sept cases, deux bulles. Tout se lit sur le visage des protagonistes.
Mais comme d'habitude, ce sont les scènes d'action, de baston qui sont la marque de fabrique de cette série. Il y en a une, bien vintage contre un dogue allemand-chauffeur mais surtout, l'ultime, sur un pont, démontre toute la dynamique du trait de Guarnido, son sens cinématographique, avec une case pleine page qui explose en perspective, skyline et coucher de soleil orangé. Sublime.
Alors, tout tombe ne laisse rien au hasard, tout est calculé, pesé pour offrir un album que l'on relit immédiatement avec un plaisir renouvelé, à la recherche d'un détail dans cette scène de diner, dans cette image de foule ou pour cette plongée dans la chambre du fils de Shelby (personnage inoubliable).
Après deux albums, L'enfer, le silence et Amarillo, un peu moins aboutis, Diaz Canales et Guarnido remettent les points sur le i.

Alors, tout tombe . Seconde partie, ed. Dargaud, 56 pages, 16, 95 euros
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