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The killer inside me

Littérature noire

Les vagabonds : grosse baston chez les vampires

Deux choses envoûtantes chez Les vagabonds de Richard Lange : ces vampires des années 70, assassins, en marge du monde, parfois un peu crétins aussi. Et puis, cela va de soi, cette peinture des nuits américaines, ces lieux de maraude, pourris mais parfaits pour tout bon suceur de sang.
C'est peu de dire que l'auteur californien sait installer une ambiance : diner perdu en bord de route, bowling crasseux, motels minables, cette Amérique ne fait pas forcément rêver et c'est celle que Richard Lange a l'habitude de décrire dans ses romans précédents. Au milieu des losers, il y a donc les vampires, finalement bien à leur aise, " des clochards et des marginaux, des fugueurs et des fugitifs. Le genre d'hommes qui disparaissent. Le genre d'hommes qui ne manquent à personne ".
Mais les vampires sont tout sauf une famille. S'ils peuvent s'étriper pour éliminer la concurrence, allons-y à grands coups de scies à métaux et de couteaux Bowie pour étêter tout ça. Il y a donc, d'un côté, Jesse et son jeune frère Edgar, "simple d'esprit". Tous deux tracent leur route. De l'autre, il y a les Démons, gang de bikers, accros à la jugulaire, terreurs des mortels et des non mortels. Les deux camps vont entrer en collision pour une banale affaire : deux Démons ont gagné le droit d'occire un bébé, mets rare qui coupe la faim pendant six mois. Sauf qu'ils préparent cela sous les yeux de la mortelle copine de Jesse et celle-ci, hélas, intervient, pour sauver le nourrisson. D'où bagarres, morts, vengeance, poursuite. Ajoutez à cela monsieur Sanders, parti dans la quête de l'assassin de son fils et qui se retrouve à traquer ce que l'on appelle donc des "vagabonds".
Avec ce roman, pas de canines proéminentes, pas de crucifix ou de gousses d'ail : le vampire meurt au soleil ou décapité. On peut le blesser aussi mais sa constitution unique fait qu'il se remet de toutes sortes d'égratignures ou trous dans le crâne.
Les vagabonds pue le roman de genre de haute facture, pour adultes en manque de bastons et de coups de calibres. Loin du romantisme de Conversations avec un vampire ou des chamalows façon Twilight, ici on se finit au colt 45 et au fusil automatique. Sans se priver de cette plongée dans l'univers glauque des cloaques de cette autre Amérique, des camés, des alcoolos, des "gargouilles" penchées au-dessus d'un comptoir perdu...
Enorme plaisir encore une fois avec cette collection. Et puis cette couverture géniale.

Les vagabonds (Rovers, trad. David Fauquemberg), ed. Rivages, 334 pages, 22.50 euros
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M
Vampires, science fiction, dystopies : étrange comme le post-Covid voit beaucoup d'écrivains s'embarquer dans des genres qui n'étaient pas les leurs. Donc Richard Lange s'y met aussi. Ayant lu tous ses précédents bouquins (plutôt des thrillers ou romans noirs se passant à Los Angeles) et les ayant appréciés, je ne doute pas de la qualité de celui-ci vers lequel je vais me précipiter. Et étant fan de Larry Brown, Harry Crews et d'autres, je prends un plaisir évident à consulter ce blog de qualité. C'est dit.
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T
Je ne connaissais pas Richard Lange sinon de nom. Mais comme il est chez Albin et que, pour des raisons que je ne m'explique pas, je vais peu vers leur catalogue, je ne l'avais pas lu. En revanche, dès que c'est chez Rivages, je suis curieux. Merci pour ses mots.