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The killer inside me

Littérature noire

2054 : sans les bombes, c'est moins spectaculaire

Comme il est parfois dur de rebondir après un formidable premier tome. Ce 2054 d'Elliot Ackerman et de l'amiral James Stavridis en est un nouvel exemple. On a dit tout le bien que l'on pensait de 2034, paru il y a deux ans : roman de guerre apocalyptique aussi réaliste que visionnaire autour de Taïwan. Cette fois, le duo d'auteurs s'est plutôt tourné vers une intrigue de bio technologie et de crise interne aux Etats-Unis.
Ainsi le président des US, Angel Castro (mais non ?...), est foudroyé en plein discours par une crise cardiaque alors que tous ses précédents examens ne détectaient pas la moindre anomalie. Panique au sein d'une démocratie déjà fragilisée. Lors de l'autopsie de Castro, le médecin légiste lâche " c'est impossible, ça ne peut pas être le même coeur. " La rumeur d'un assassinat va enfler. Le vice-président, Smith, du camp des "dreamers" tente de calmer une opinion publique et l'opposition démocrate-républicaine baptisée "truthers" qui, de concert, évoquent un complot. Pendant ce temps, au Japon et au Nigéria, on s'interroge sur cet accident cardiaque et son lien avec le principe de Singularité, fusion de l'évolution biologique et technologique.
Même si l'on retrouve des personnages du premier roman, dont Hendrickson, Chowdhurry ou la fille de Sarah Hunt, le piment, voire l'angoisse de 2034 ne sont pas au rendez-vous. C'est qu'il n'est pas simple de tenir une tension sur des menaces biotechnologiques pareilles. Difficilement concret par essence, le concept échappe sans doute à bien des lecteurs, ce n'est pas parce qu'on ne lit pas Science & Avenir, c'est juste que tout cela est encore assez flou. Cette idée de télécharger une âme par exemple.... L'autre volet, la partie sur la vacance du pouvoir, la lutte d'influence autour du Capitole n'est pas sans rappeler bien entendu les émeutes du 6 janvier 2021 par les partisans de Donald Trump. Là oui, Ackerman et Stavridis sont plus pertinents même si leur discours s'étire en longueur et, au final, n'a pas, là aussi, la même dimension dramatique que dans 2034. D'un conflit mondialisé, avec arme nucléaire, on passe alors à un cas de démocratie interne... Techno thriller politique, 2054 ne réussit pas à emballer comme son prédécesseur.

2054 (trad. Janique Jouin-de-Laurens), ed. Gallmeister, 339 pages, 24, 50 euros
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