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The killer inside me

Littérature noire

La mort du toréro : serpents, mezcal... et turista

Toujours très agréable de voir des éditeurs prendre le risque de piocher dans les archives pour en extirper un polar parfois oublié ou, comme ici, juste inédit dans l'hexagone. Car sauf erreur, La mort du toréro d'Ed Lacy n'avait jamais été publié chez nous.
Auteur prolifique sous son véritable patronyme, Len Zinberg, ou sous d'autres noms d'emprunt, sa série Thomas Moore - un privé black taillé dans une armoire normande - avait vu le premier tome édité, en 1957 tout de même, par Les presses de la cité. Puis, plus rien. Les éditions du Canoë ont décidé de réparer cet oubli et après l'histoire initiale, Traquenoir, il y a deux ans (suivi d'un poche chez 10/18), place à La mort du toréro.
Et voilà que le lecteur s'immerge dans ce début des années 60, avec un Thomas Moore, devenu facteur, habitant Harlem, roulant dans une vieille Jaguar rouge, écoutant du jazz sur sa platine... et bientôt papa. Pas vraiment prêt à pouponner, il sait qu'il va falloir assurer côté finances. Il consulte donc son vieil ami Ted, patron de l'agence de privés dont il a fait partie. Et ça tombe bien, son pote a une affaire en or pour lui : une Mexicaine, plutôt en fonds, veut que l'on relance l'enquête sur la mort de son mari. Sur place, Thomas apprend que le trépassé en question a succombé des suites d'une morsure de serpent ! L'épouse soupçonne un torero célèbre, El Indio, sur lequel son mari, journaliste, enquêtait.
Nerveux, exotique, en prise avec les questions raciales, La mort du toréro fait la symbiose du hardboiled, sans chichis. Tout y est : la ou les femmes presque fatales, le méchant, des secrets, l'adversité, une police mexicaine pas si corrompue au final... et de la bagarre ! Mais rien n'est cliché malgré les apparences. Ed Lacy traite les codes du genre avec grand respect à travers un héros, soucieux de justice, souffrant lui même du regard des autres. L'auteur sait aussi manier la dérision quand Thomas Moore est pris d'une tapageuse turista en plein commissariat. 
Pour les fans d'histoire du polar, c'est une bonne nouvelle de mettre la main sur ce type de roman. A noter l'intéressante préface de Roger Martin qui nous apprend que l'histoire est tiré d'un fait divers de l'époque.

La mort du toréro (Moment of untruth, trad. Roger Martin), ed. du Canoë, 250 pages, 18 euros
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