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The killer inside me

Littérature noire

C'était plutôt une bonne année de lectures

Les vacances... Ces bonnes journées sans les enfants, à ne surtout rien faire, mais vraiment rien sinon prendre un livre, faire la sieste, se réveiller, reprendre le livre... Depuis la rentrée de septembre, ce blog a donc lu environ soixante-cinq romans, polars ou pas, romans d'aventures, un peu de SF, non-fiction, essais ou BD, qui étaient dans l'actualité. Il y avait des nouveautés mais il y avait également, ici et là, des belles rééditions. Au bout du bout, on compte un peu moins de trente polars ou romans noirs. Pour agrémenter vos après-midis canapé-piscine, en voici une poignée, avec deux ou trois autres petits trucs qui ont marqué les esprits. L'ordre, ce n'est pas une histoire de numéro un, de préféré ou autre : c'est au pif.

Celles qu'on tue, Patricia Melo (Buchet Chastel). Roman sur les féminicides au Brésil sans être un discours féministe. Dans le sens où Patricia Melo n'écrit pas un tract mais pose quasiment des faits qu'elle romance avec un talent rare.
Bref, une avocate de Sao Paulo se rend dans une région perdue pour assister aux procès de trois jeunes hommes soupçonnés du viol et de l'assassinat d'une indienne de 14 ans... Très dur et bouleversant. Avec une vraie parenthèse sur la culture indigène.

 

La sagesse de l'idiot, Marto Pariente (La Série Noire). La découverte de l'année pour La Série Noire. Avec son flic municipal, Toni Trinidad, l'Espagnol Marto Pariente, a frappé un grand coup, offrant un petit vent de fraîcheur au classicisme du polar. Il est question de came volée, d'un vieux qui garde des poissons morts dans sa poche et de truands bien rôtis. Les références sont multiples et Pariente joue avec malice sur les codes du genre. Tellement bien qu'on attend la suite.

 

Dead stars, Benjamin Whitmer (Gallmeister). Cette fois Whitmer a mis tout ce qu'il avait et sans doute un peu plus dans ce troisième tome d'une certaine histoire de l'Amérique. Roman à la construction impressionnante, Dead Stars propose un précipité de l'histoire des USA : son mythe de la famille notamment mais aussi de sa force industrielle... au détriment ici (histoire vraie par ailleurs) des ouvriers et des populations. Le regard sur le pays est sombre et enragé. L'auteur était déjà très bon. Il devient excellent.

 

Il s'appelait Doll, Jonathan Ames (Joëlle Losfeld). Un peu comme Marto Pariente, Jonathan Ames prend plaisir à s'amuser avec les codes du polar, en y glissant quelques touches irrésistibles d'humour. Le roman est court, à peine 222 pages mais Ames y fait tenir son détective privé, fou de son chien, un flic qui a besoin d'un rein, un salon de massage, une intrigue bien barrée... le tout dans les décors de Malibu et Hollywood. Jonathan Ames a la classe intégrale.

 

Joli mois de mai, Alan Parks (Rivages). Souvent on entend que le polar "ce n'est plus ce que c'était..." Si, si, c'est toujours la même bonne recette de dimension sociale et de crimes. Revisitée forcément. Et Alan Parks en est la meilleure preuve. Un flic, soit. Mais pas n'importe lequel : Harry McCoy, enfant du Glasgow post-industriel, fan de musique, traînant une lourde caravane d'humanités et de cicatrices. Cet épisode fait apparaître son pauvre père et c'est d'une violence émotionnelle magnifique.

 

La casse, Eugenia Almeida (Métailié). Celui-ci, on ne l'avait pas vu venir ! Une histoire vicieuse, qui part d'un mari jaloux qui se fait voler sa superbe Fiat, larcin qui va découler sur une descente de flics pas prévue chez un caïd en cheville avec les chefs de la police. Un jeu de domino sanglant durant lequel on défouraille sévère, on tue à la sud-américaine... La casse, ce n'est pas de la rigolade. Roman original, langue sulfureuse, rythme hard-core, Eugenia Almeida marque les esprits.

 

Les vagabonds, Richard Lange (Rivages).  La nouvelle collection Imaginaire de Rivages envoie du lourd depuis un an. Et cette histoire de vampires ravira tous les fans de films comme Morse, une société pas glamour pour un sou, une société qui galère pour avoir son shoot d'hémoglobine, fréquentant des hôtels de seconde zone, dans les ombres de la société américaine. Jesse et son frère Edgar tentent de survivre face à un gang de bikers vampires : utra brite face à sensodyne. C'est du fantastique de très belle facture.

 

Pour mourir le monde, Yan Lespoux (Agullo). La mer, le XVIIe siècle, les empires coloniaux... un roman d'aventures avec un S parce qu'il s'agit de trésor, de conquête et aussi d'amour. C'est peu de dire que l'on se laisse emporter par cette vaste histoire, épique, violente. Yan Lespoux parvient à dresser son roman autour de plusieurs personnages parfaitement habités, entre les Indes, le Brésil et, forcément, les Landes. Pour mourir le monde est une délicieuse surprise dans un paysage littéraire qui avait un peu oublié ce type d'histoires.

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I
Tiens, tu te calques sur l'année scolaire ! C'est pas mal, ce bilan en "décalé", ça peut en effet donner des idées de lectures pour les vacances. Le Patricia Melo est déjà noté et sur mes piles, et j'ai lu le Lespoux, qui figurait aussi dans mon dernier bilan annuel.
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T
Oui je n'ai jamais fait de bilan ou de podium parce que je considère que lorsque l'on n'a pas tout lu, c'est un peu biaisé. Mais là, d'un coup, je me suis dit - en voyant la pluie - que ce serait peut-être intéressant. Peut-être. Le Patricia Melo est formidable à plus d'un titre.