Littérature noire
11 Juin 2024
Oui mais non. On aime le Mark Haskell Smith romancier (Défoncé, Salty...), on aime aussi le journaliste gonzo (Au pays des nudistes). En revanche, pour le pastiche, ce n'est pas totalement réussi. La faute à des private jokes assez balourdes avec son éditeur français, Gallmeister. Le tic qui, par excellence, donne aux lecteurs l'impression d'arriver au milieu d'une conversation qui ne le concerne pas.
Mémoires, donc, c'est une jeune femme qui doit écrire la biographie de Mark Haskell Smith pour Oliver Gallmeister qu'elle interpelle ainsi, plusieurs fois, "Oliver" au cours de ces pages. Une fois, ça peut passer...
Pour rendre une biographie digne de ce nom, il est évident que la rencontre avec le sujet principal s'impose. Or Mark Haskell Smith se fait fuyant et surtout lointain puisqu'il vit en Europe. Parce qu'il a des choses à cacher ? C'est ce que pense la journaliste lorsqu'elle se fait enlever par des agents spéciaux... qui lui demandent d'éliminer l'auteur. Et voilà, qu'un autre groupe intervient avec, cette fois, Julien Guérif... le traducteur de MHS.
L'intention bien entendu est d'être drôle. Mais ça patine. Il y a bien deux ou trois blagues sexuelles avec entre autres un canon de fusil dans le cul, mais cela ne fait pas tout. Même les réflexions sur la fonction d'auteur tombent à plat parce que l'on ne sent pas MHS se livrer franchement ou creuser cette veine. Pour tout dire, c'est décevant. Et on attend la suite.
Mémoires (Memoir : a novel, trad. Julien Guérif), ed. Gallmeister, 266 pages, 22 euros