Hidden Valley : avalanche et psychopathie

Début des années 70, quelques jours avant Noël. Il y a Loxner, grand costaud, Brodie, super pilote, fiable. Et surtout Kubion, leader caractériel, atteint de migraines explosives qui le font tomber dans la violence aveugle. Tous trois, braqueurs expérimentés, ont un super plan : le casse d'un supermarché de gros et demi-gros à Sacramento. Mais, le jour J, ça dérape avec l'irruption d'un garde, ça tire, ça panique et ça fuit sans le butin. Le trio se réfugie dans la Sierra, à Hidden Valley, 75 habitants. Il y a là un ancien shérif, un maire volage, une jeune fille qui rêve de soleil et d'Europe, une jeune femme sur le point d'accoucher, un homme qui soigne ses traumas dans l'alcool... le temps est exécrable, entre blizzard et chutes de neige. Bientôt une énorme avalanche bloque la seule voie d'accès. Kubion versant dans la psychopathie pure décide de braquer le village malgré les réticences de ses deux comparses.
Bill Pronzini réussit à décrire une ambiance réellement incroyable dans ce huis-clos blanc et tendu, notamment par les 80 premières pages qui posent tous les personnages d'Hidden Valley, un peu comme dans une crèche. Il y aura d'ailleurs un heureux événement d'ici la fin du roman ! Mais avant cela, l'auteur passe de l'attente fiévreuse des braqueurs, soucieux de discrétion après leur braquage raté, à une prise d'otages massive sous la houlette d'un dingue qui rend l'histoire totalement imprévisible.
Original, violent et même cruel, Hidden Valley a le charme des polars 70's bien troussés, composés de méchants intégraux, de héros boiteux, de victimes évidemment innocentes. De la belle ouvrage pour cet auteur, surtout publié par La Série Noire, qui a fêté ses 80 ans l'an passé mais n'a, semble-t-il, plus rien écrit depuis 2017.

Hidden valley (Snowbound, trad. Gérard de Chergé), ed. Rivages, 311 pages, 4, 50 euros (occasion)