Littérature noire
6 Août 2024
La novella n'a que des avantages. Elle prend un certain temps pour installer ses histoires sans non plus entrer dans la foule de détails qui caractérisent le roman. Cet entre-deux avec la pure nouvelle offre du rythme évidemment et garde une certaine consistance. L'autre avantage, conséquent, est de découvrir des auteurs pour lesquels on n'a pas encore franchi le pas, justement, du long.
Laurence Biberfeld, avec Panier de crabes (vicieux jeu de mots), propose une virée post-apocalyptique dans l'hexagone en compagnie de Myriam. A 45 ans, cette ex-boulangère a intégré une bande de militants pro-animaux. Enfin, pro-animaux : ils libèrent les bêtes des élevages industriels mais, au passage, se servent en steaks et entrecôtes croustillantes. Myriam, atteinte d'un cancer, confie au jeune Gabin, pas plus en forme, ses déboires avec son fils, condamné, avant l'effondrement de la société, pour viol sur mineur. Et Laurence Biberfeld de peindre un monde où tous les repères s'écroulent. Efficace de bout en bout.
Avec L'élevage du brochet en bassin clos, Pierre Mikaïloff a choisi lui, la comédie noire, se plongeant dans les 70's et le Nord Pas de Calais. Un bus de tournée d'un groupe britannique amateur tombe en panne en rase campagne. Le chanteur, loser confirmé, part à pied vers le village le plus proche pour trouver de l'aide. Il tombe sur deux frères psychopathes en 2CV. Un peu plus loin, c'est cette fois le bus des Wings de Paul McCartney qui pète une durite. Deux bandes de chanteurs anglais, " des hippies", au fin fond de la France, ça fait beaucoup pour les ruraux du coin. Beaucoup d'argent peut-être aussi. A l'image des deux bus en question, l'histoire de Pierre Mikaïloff tourne sur un cylindre, il manque soit un peu plus d'humour, soit un peu plus de folie. Cela ressemble à du Franz Bartelt mais moins abouti.
Panier de crabes, 66 pages, L'élevage du brochet en bassin clos, 82 pages, edition In8, coll. Polaroïd, 8, 90 euros