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The killer inside me

Littérature noire

Les mouettes : espions et djihadisme au Mali

Il y a quelque chose d'irritant à voir la littérature raccrocher des lecteurs en évoquant le petit écran. Ici il s'agit d'une série " dans l'univers du bureau des légendes " et si ce n'est pas aussi gerbant que " Les Misérables d'après la comédie musicale ", il y a tout de même, sans évoquer une forme de soumission, du moins comme un complexe.
Bref Les Mouettes de Cantaloube, on le prend parce que les romans d'espionnage ne sont pas si fréquents et parce que l'auteur avait commis notamment l'excellent Requiem pour une République. Cela devrait suffire à rassasier notre curiosité.
Yannick Corsan est capitaine au service action au sein de la DGSE (oui, le Rainbow Warrior...). Une unité baptisée Les mouettes dont le souci principal est " que nul ne les identifie jamais. Ils étaient les oubliés de l'histoire, la petite et la grande, et ça leur convenait très bien. " Ses membres sont tous affublés d'un pseudo tiré de la mythologie grecque, Yannick est donc Icare. La petite trentaine, il sort d'une sale période quand il a perdu sa compagne lors d'une balade en voilier. Après un repos forcé, le voilà de retour dans le service action... même s'il continue à croquer des antidépresseurs. Sa mission avec trois camarades : au départ d'un port albanais, couler un navire qui apporte des armes aux groupes islamistes maliens en prise avec les forces françaises. L'opération se déroule au mieux jusqu'à ce que les espions découvrent que le navire transporte aussi des migrants. Pas question de risquer la vie d'innocents... La mission qui suit, dans la continuité, consiste à exfiltrer l'un des leurs, parvenu à se faire accepter dans une katiba, ces bandes de mercenaires hétéroclites qui se rassemblent avant un assaut sur Bamako. Les Mouettes montent une opération de sauvetage avec une partie de l'armée française présente sur le terrain. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Loin de là.
Effectivement rythmée comme une série télé, Les Mouettes coche toutes les cases du roman d'espionnage vif, privilégiant l'action et même les sentiments. Thomas Cantaloube réussit tout particulièrement une scène bien tendue dans un hôtel algérien lorsque la DGSE vient solliciter l'appui de ses homologues nord-africains.
Le hic, c'est que cela se coule un peu trop dans le style série. Corsan multiplie peut-être un peut trop les clichés et manque d'un peu plus de profondeur. De même l'auteur, dont on connaît la passion pour la documentation, noie un peu son lecteur dans les notes de bas de page ou les explications façon cheveu en quatre. Certes, le Mali c'est un peu plus ardu qu'un derby Brest-Lorient.
Au final, et grâce aussi à cet excellent passage à Alger, qui renvoie à une fin cliffhanger parfaite, Les Mouettes tient parfaitement la distance.

Les mouettes, ed. Fleuve noir, 334 pages, 20, 90 euros
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