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The killer inside me

Littérature noire

La règle du crime : l'histoire black de Harlem patine un peu

C'est étrange ça, d'avoir trouvé le précédent Colson Whitehead, Harlem Shuffle, très bon, très vivant, et puis d'être un poil déçu par La règle du crime, nouvel opus des aventures de Ray Carney, le vendeur de meubles d'Harlem. Ce n'est pas à jeter  non, mais l'auteur a un tic un brin pénible, c'est, dans ses histoires du Harlem des années 70, de systématiquement balancer des " il se souvient ", " il se rappelle " et bim, une demi page sur un gangster, sur une affaire, un fait divers. On comprend bien que Whitehead veut nourrir sa fiction, l'épaissir comme une légende urbaine sauf que ça ralentit le rythme, ça casse un peu sa narration.
Comme dans le précédent roman, il s'agit de trois histoires différentes qui font avancer la chronologie de 1971 à 1976, tout comme elles font avancer le personnage principal. Le lecteur démarre avec un flic ripou de chez ripou qui embarque Ray Carney dans une sale nuit de folies, puis, c'est l'histoire de Pepper, solide caïd, ami de feu le père criminel de Ray, qui doit retrouver une actrice de blaxploitation, enfin la dernière histoire évoque les incendies urbains et la corruption d'un candidat à l'arrondissement de Manhattan.
Colson Whitehead sait toujours parfaitement raconter la ségrégation, le racisme ordinaire sans jamais tomber dans le militantisme. Mieux, il se fait le conteur de la communauté noire d'Harlem, rassemblant la géographie d'alors, la population d'alors. C'est là qu'il a ce travers à multiplier les anecdotes. Autre petite scorie : des sortes de morale un peu nunuche il faut bien le dire du genre " on commence par chanter les chansons tristes, et un jour on les incarne. " Ou " Une fois que les drogues vous ont sous leur emprise, elles peuvent vous mener n'importe où. " D'accord son personnage passe parfois pour Candide mais là...
Néanmoins, il faut reconnaître que les trois parties de cette Règle du crime tiennent pourtant la route. Et particulièrement la première, trash comme on aime, avec un vrai flic à l'ouest et ce pauvre Ray Carney pris au piège. La vérité c'est que l'on aurait aimé adorer ce livre. Au final, il risque d'être malheureusement assez vite oublié.

La règle du crime (Crook manifesto, trad. Charles Recoursé), ed. Albin Michel, 449 pages, 22, 90 euros
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