Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

Cartel 1011 : l'international de la came est en chemin

La grosse baston ! Cartel 1011 Les bâtisseurs énuclée, découpe, brise, scie et autres joyeusetés propres au monde des narcotrafiquants. Beaucoup de violences donc mais pas gratuites, nous ne sommes pas non plus dans un thriller. Tout le contraire. Ce premier tome, épais, de Mattias Köping se veut collé à la réalité, pour ne pas dire l'actualité.
A Cancùn, dans les années 70, le clan Hernandez décide d'investir dans l'industrie touristique jusque là inexistante: " de ce paradis nous allons faire un tas de merde. Et de ce tas de merde, nous allons tirer des montagnes d'or. " Cinq décennies plus tard, la prophétie s'est réalisée. Le clan Hernandez est riche à ne plus savoir qu'en faire et sa fortune lui permet de manger à la table des plus grands. La Comex, la société mère, s'occupe d'industrie touristique mais aussi de BTP pour lequel, elle détourne illégalement toute une partie du sable mondial, au grand dam de militants écologistes, éliminés dans d'affreux "accidents". Et pour être bien présent dans tous les secteurs, la Comex a monté sa propre boîte de sécurité, se prépare à rafler un marché public sur l'eau et lorgne sur le projet de train maya qui va traverser la jungle, au mépris de la biosphère. Pour mener à bien ses opérations diverses, le clan Hernandez corrompt du simple flic local, jusqu'aux membres du gouvernement.
Dans le même temps, le cartel 1011 impose sa loi sanglante. A Cancùn mais aussi en Europe, à Naples, Liverpool, Barcelone. Grâce à une alliance avec les Colombiens, le 1011 devient le seul fournisseur de cocaïne du Vieux Continent. Et installe des labos de crystal meth au coeur des Pays-Bas. Mieux, et moins cher, il projette d'inonder le marché de fentanyl. Les flics français, espagnols, hollandais, anglais, choqués par l'horreur des meurtres des habituels dealers européens, n'ont toujours pas compris la mutation du business.
Le roman de Mattias Köping est très ambitieux et s'appuie sur une solide documentation du fonctionnement des narcotrafiquants et sur une bonne analyse des marchés de la drogue, jusqu'à ses méthodes de blanchiment dans l'immobilier de luxe. La violence qui déborde n'est finalement que celle qui inonde l'Amérique Centrale, le Mexique spécialement, et l'Amérique du Sud, depuis vingt ans. Davantage qu'un instantané, Cartel 1011 Les bâtisseurs expose ce qui se déroule ici, à savoir l'ultraviolence dans les marché de la drogue, qui embauchent des sicarios maintenant âgés de 14 ou 15 ans. Sans jouer les Cassandre, le roman met à jour la globalisation de la consommation de drogues, l'impossibilité des polices d'y mettre fin, leurs moyens obsolètes, avec, au bout, l'arrivée tant redoutée du fentanyl, opioïde de cheval littéralement, responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts aux Etats-Unis tous les ans.
Avec beaucoup de rythme, des personnages forts, que ce soit d'un côté les "bons", la jeune femme de chambre de Cancùn, le prêtre courageux, le flic hollandais ou les "méchants", et en premier lieu Pedro Hernandez, inflexible chef de clan, Edouardo Sotto Torres, ordure XXL de Cancùn, ou encore ce pédophile américain collectionneur de lézards... bref, avec toute cette galerie, Mattias Köping livre un roman bouillonnant, jamais trop bavard, et dont les changements de latitudes ne nuisent jamais à la narration. Un petit régal.

Cartel 1011 Les bâtisseurs, ed. Flammarion, 623 pages, 23 €

 

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article