Littérature noire
27 Décembre 2024
Westlake écrit Wax Apple en 1970 sous le pseudo Tucker Coe. La Série Noire le publie la même année sous le titre Alerte aux dingues et Rivages en améliore la traduction en 2015, avec un autre titre La pomme de discorde et, sous le nom, Donald Westlake. Nouvelle traduction d'accord mais, pour le titre, le lecteur ne saisit pas vraiment puisqu'il est en fait question dans le roman d'un faux patient qui "contaminerait" les vrais, lequel rétorque qu'une fausse pomme (wax apple ?) ne peut gâter les vraies. Du coup, ce titre La pomme de discorde devient assez obscur.
L'histoire est celle de Mitchell Tobin, un personnage que Tucker Coe donc, empruntera encore à deux reprises plus tard, qui se retrouve, après une mise à pied au NYPD, engagé dans une maison de repos psychiatrique, L'étape, pour élucider divers graves accidents. Une vingtaine de patients sont hébergés, tous ne resteront au maximum que six mois avant de retrouver la vie civile. Dans un premier accident, deux femmes se sont blessées après qu'une table se soit effondrée. Puis c'est un cadre de lit dans une remise qui est tombé sur la tête d'un patient, un barreau d'échelle qui a cédé sous un pensionnaire. Tobin lui même, dans un croc en jambe avec un fil, se brise le bras dans un escalier... et rencontre un étrange personnage la nuit.
Pour tout dire, ce n'est pas du grand Westlake, juste moyen tant la facture est d'un classicisme aigu, un whodunit dans un huis-clos, très Agatha Christie et sans la dérision que l'on apprécie tant chez le papa de Dortmunder. Oui, les études de cas sont intéressantes, entre un exhibitionniste, un tueur de masse, une cyclothymique, une boulimique, une dépressive mais cela tourne un peu en rond, entre l'adversité de Tobin avec le second psy, les indices sur les uns et les autres, les suspicions. Pourtant le personnage principal n'est pas dénué d'intérêt, souffrant d'un fort sentiment de culpabilité après avoir trompé sa femme avec l'épouse d'un bandit, névrosé au point de construire un mur tout autour de son jardin et venu à L'étape, aussi, pour remettre le pied à l'étrier et peut-être observer d'autres patients psy.
Dans la centaine de romans écrits par Donald Wetslake cette Pomme de discorde ne décroche pas le top dix c'est sûr, ni même le top vingt. A savoir exactement ce qu'il pensait écrire avec cette mini-série...
La pomme de discorde (Wax apple, trad. Denise May, revue et augmentée par Marc Boulet), ed. Rivages, 251 pages, 7 €