Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

Shane MacGowan, " sauvé par les Sex Pistols et par le punk "

Il y a mille façons d'aborder la vie de Shane MacGowan à travers l'excellente bio de Richard Balls. On pourrait énumérer les anecdotes, comme en 2009 quand, dans un hôtel de Manchester, au bar d'un hôtel avec un pote, ils croisent Paul Scholes, Wayne Rooney et Ryan Giggs de Manchester United.  Ce dernier venait d'être nommé "sportif de l'année" par la BBC et ils fêtaient ça avant le match du lendemain. " On a passé une nuit d'enfer et on a fini au casino " se souvient l'ami de MacGowan. Et Giggs n'a pas joué le match. Et puis il y a le tournage de Fairytale in New-York dans un authentique commissariat de la Grosse Pomme où les Pogues ont tellement foutu le bordel qu'ils ont failli se faire virer par les flics. Sans oublier, bien sûr, ce concert des Clash quand le jeune MacGowan se fait déchirer l'oreille à coups de dents et finit en photo, en sang, dans le NME. On peut encore parler de la tournée en Californie avec Bob Dylan à laquelle il ne se rendra pas. Du concert à La Nouvelle Orléans où il avait disparu. Du jour où il s'est fait faucher par un taxi. De la fois où Sinead O'Connor pour lui venir en aide a balancé sa toxicomanie à la police, créant une brouille profonde entre les deux.
Pourtant s'il y a quelque chose qui ressort de ce livre brillant et émouvant, ce sont les racines irlandaises du chanteur. Parce qu'il faut se souvenir qu'il est né dans le Kent, de parents irlandais immigrés en Angleterre pour, simplement, travailler. Mais les retours chaque été, chaque vacances, dans le Tiperrary maternel, aux Commons, du côté de Nenagh, a soudé son irlandité, entre vie rurale et, surtout, chants, danses, contes auprès du feu. Shane MacGowan était irlandais, et républicain, malgré son état civil, il respirait comme un Irlandais, buvait comme un Irlandais et avait ce sens unique du rythme, de la mélodie, de la musique comme beaucoup de ses compatriotes. Pourtant, c'est bien Londres qui a fait de lui, d'abord le punk, puis l'artiste qu'il est devenu. Lettré, amateur de westerns, doté d'une oreille incroyable, fan de punk mais aussi de northern soul, de musiques traditionnelles y compris grecques, très croyant, le leader des Pogues trimballera finalement une identité riche, complexe, et autodestructrice qu'il noiera dans les vapeurs de whiskey, de vin blanc, de pintes diverses mais aussi dans les opiacés.
Shane MacGowan, Le légendaire chanteur des Pogues se lit comme un roman parce que cette vie était un roman. Le livre vaut toutefois par la multiplicité de ses témoignages, de Victoria son épouse, de Maurice le père aimant, de Siobhan la soeur, de tous les amis, les musiciens. Cette bio est aussi l'occasion de se plonger dans ces rugueuses années 80 et 90, quand le lien social ne se faisait pas sur les réseaux mais bien au comptoir des pubs, dans la fosse d'un concert. Fabuleux témoignage, fabuleuse vie.

Shane MacGowan, Le légendaire chanteur des Pogues, ed. La table ronde, 410 pages, 26 €
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article