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The killer inside me

Littérature noire

Les lendemains qui chantent : dernières vagues de la Guerre Froide

Arnaldur Indridason continue de maintenir bien vivante le mouvement du polar scandinave. De l'Islandais on garde tout de même le souvenir de plusieurs romans formidables comme La cité des jarres, Betty ou La femme en vert. Dans ce dernier, comme souvent, Indridason plongeait dans les années tortueuses des bases américaines, la confrontation de deux formes de sociétés. Avec Les lendemains qui chantent, mené par son second flic héros, Konrad, il est encore question des soubresauts du passé, mine inépuisable d'histoires mais s'il s'agit d'un passé certes moins lointain.
A la retraite depuis quelques temps, l'ex inspecteur se remet piano piano de sa dernière enquête sur fond de pédophilie (Les parias). Mais à peine le temps d'un ibuprofen et c'est, d'abord, le cadavre d'un homme que l'on pensait tué sur le rivage qui réapparaît dans la grotte d'une colline. Konrad connaît bien ce dossier vieux de trente ans pour y avoir travaillé avec son collègue Leo. Sauf qu'il devient clair que le jeune homme condamné pour ce meurtre, et décédé depuis, était innocent. De la même manière, un homme est retrouvé le crâne fracturé, son corps déplacé pour masquer le lieu du crime. Là encore, une vieille affaire ressurgit, celle de l'ami de cette victime, un Islandais sans histoire, propriétaire d'un pressing, qui avait disparu du jour ou lendemain sans explication. Cette disparition et le meurtre de son ami vingt ans plus tard sont-ils liés ? Le patron du pressing était un communiste repenti après des années d'études à Moscou qui a laissé un fils unique, aujourd'hui encore, bourré de questionnements. Cet ami assassiné était revenu en Islande dans quel but ? Et pourquoi à cette époque, des chalutiers russes venus pêcher le hareng dans les eaux islandaises et surveiller les bases US, s'enfuyaient si vite ?
Il y a quelque chose de presque reposant à lire du Indridason en ce moment, loin du rural noir US ou des villes tricolores. Comme si le temps avait une autre mesure. Pas que la prose de l'auteur soit molle mais davantage posée, introspective. Mais c'est presque reposant, attention. L'intrigue de ces Lendemains qui chantent est volontiers tortueuse, renvoyant d'ailleurs un peu trop à la précédente aventure dans tout ce qui concerne la pédophilie. Pas de quoi perdre le lecteur heureusement, avec donc ce fil historique autour de la Guerre Froide et, en parallèle, l'universelle affaire de corruption, de renvois d'ascenseur pour une puissante famille du BTP de Reyjkjavik. Les ordures ont définitivement les mêmes pratiques sous toutes les latitudes et il y a une forme d'ironie dans le titre du roman, entre le slogan des jeunesses communistes et la réalité d'un pays parfaitement livré à un capitalisme sauvage et même meurtrier...
Arnaldur Indridason dépeint encore une fois cette société islandaise brutale, moulée dans les silences, les conventions. Une société dans laquelle les femmes (Marta, l'amie commissaire ou Eyglo, autre amie, médium) incarnent une forme de droiture face à des hommes ivres de pouvoir ou d'alcool. Il n'y a jamais de caricatures chez cet auteur et c'est aussi l'une de ses constances, montrer les gris de son pays, de sa société. Les fans du genre resteront fans. Les autres auront toujours autant de mal sans doute.

Les lendemains qui chantent (Saelurikio, trad. Eric Boury), ed. Métailié, 326 pages, 22,50 €
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K
J'ai été un peu déçu parce que dans les deux filière d'enquêtes, le lecteur aperçoit peu a peu la vérite et il n'y pas de surprise finale
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