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The killer inside me

Littérature noire

L'autre loi : Soneri pris entre tous les extrêmismes

Parme est née de la guerre, de la misère et de la politique. " Entre deux bouchées de tortelli, le commissaire Soneri tente une analyse socio-historique du bordel dans lequel sa ville sombre doucement. Un immigré se fait éclater la tête à coup de batte de base-ball dans l'appartement d'un aveugle qui l'hébergeait. Un deuxième immigré se fait poinçonner les fesses à coups de couteau. Deux autres sèment la terreur parmi les dealers. Des citoyens tournent la nuit façon milice. Un théoricien du grand remplacement s'active...
L'autre loi, plus explicitement intitulée Il commissario Soneri e la legge del corano, offre un Valerio Varesi toujours plus conscient des enjeux profonds de la société, toujours plus introspectif. Plus personne n'ignore que l'auteur italien a fait ses classes universitaires au plus près des philosophes modernes et pour lui le débat demeure l'essence même de la démocratie, la confrontation des idées, des arguments. Quoi de mieux qu'une bonne assiette pour se confronter donc à Pellacini, l'intellectuel local de l'extrême-droite ? Bien entendu, il y a l'intrigue dans L'autre loi : il s'agit de comprendre le meurtre de ce malheureux immigré, de savoir quel rôle joue cet aveugle tranquille, à quel point a-t-il été manipulé ? Et même plus loin, de mettre à jouer les discours de cet imam (d'où le titre initial). Varesi s'empare sans préjugé de la question islamiste, de la peur que font régner les intégristes au sein de leur communauté. Et cette menace que l'extrême-droite utilise à ses fins.  Pellacini ne se cache pas : " la démocratie, il faut la mériter ! Aujourd'hui, la question est plus simple : étant établi que les individus se modèrent avec la peur, doit-on l'exercer, nous citoyens, dans un esprit collectif ou accepter que les plus arrogans, les plus impitoyables, s'en emparent à des fins personnelles ? "
Oui, Valerio Varesi est bavard. Mais heureusement. C'est bien cela que l'on vient chercher dans son oeuvre : des concepts que l'on creuse, des convictions que l'on tord. Ici, il pose clairement le débat d'une gauche aveuglée, dépassée, incapable de prendre cette question de l'islamisme à bras le corps. Soneri dépassé par le populisme ? Il y a un peu de cela. Mais il lui reste Angela, à l'énergie contagieuse. Et les anolini in brodo, thérapie de tout Parmesan.

L'autre loi (Il commissario Soneri e la legge del Corano, trad. Gérard Lecas), ed. Agullo, 438 pages, 22, 90 €

 

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