Apocalypse Now : révisons les délires du tournage

10/06/2025 10:13

Il en a été écrit des lignes sur ce chef d'oeuvre. Au point que parfois on ne savait plus trop qui avait dit quoi, ce qui était une authentique anecdote et ce qui était pur fantasme, car peu de films on autant nourri l'imaginaire d'un tournage hors-norme, à cheval sur un cauchemar et un cataclysme. Et encore moins de films sont sortis revigorés d'une telle conception. Bref Apocalypse Now, c'est Hollywood dans sa schizophrénie la meilleure, avec des stars, des millions de dollars, un bordel pas possible, un scénario retouché au jour le jour, un dictateur au milieu, un palais construit dans la jungle...
Et ce qu'il y a de bien avec cette collection de Rockyrama c'est que cela compile une grosse partie des informations, à travers les livres sortis, les articles de presse, les interviews à droite, à gauche et, en l'occurrence avec le fantastique docu Hearts of darkness d'Eleanor Coppola, mandaté par son mari pour recueillir alors ce qui allait être la naissance des making of.
Bref, Il était une fois Apocalypse Now évoque d'abord le scénario de John Milius (oui celui de Conan, de L'adieu au roi, scénariste de L'inspecteur Harry...) et sa volonté de détourner le slogan anti militariste Nirvana now. Puis il est question du tournage avec Harvey Keitel. Coppola, déçu, lui demandant de rentrer aux Etats-Unis. Aux Philippines, site du tournage, le réalisateur, auréolé du succès du Parrain, demande à Ferdinand Marcos de lui louer des hélicos puisque l'armée américaine a refusé. Le dictateur dit ok mais " si il y a une rebellion communiste, ils quittent le film pour aller se battre. " Ok dira Coppola. Il y a le typhon aussi, mur d'eau qui s'abat sur les équipes pendant plusieurs jours. Il y a Martin Sheen, dont on se demande si Coppola n'a pas encouragé son alcoolisme pour obtenir le regard que n'avait pas Keitel. Et le tigre ! Et Yves Montand trop cher. Et Brando à un million de dollars la semaine !
Ce livre passionnant ne fait que 100 pages mais quasiment tout y est répertorié, avec une bibliographie rigoureuse. Inutile de dire que cela donne envie de revoir ce sommet de cinéma.

Il était une fois Apocalypse Now, de Delphine Valloire, ed. Rockyrama, 104 pages, 9€90