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The killer inside me

Littérature noire

Clete : il n'y a rien de plus fort qu'un bon ami

James Lee Burke avait une dette envers Clete Purcel. Une dette envers celui qui est sans nul doute le meilleur sideman du paysage polar. Clete Purcel... le nounours qui dégoupille, qui défouraille, quand Dave Robicheaux se perd dans la contemplation du bayou, se noie dans les approches religieuses du monde qui l'a vu naître. Il y a cinq ans, l'auteur de La pluie de néon écrivait Robicheaux, voici donc, tout aussi simplement, Clete.
Et celui-ci se lève un beau matin, dans sa maison de La Nouvelle-Orléans, pantoufles en forme de lapin aux pieds, et observe un trio de petites frappes en train de soigneusement désosser sa Cadillac Eldorado rose lavande. Passée la surprise, il y a, forcément, une explication à coups de matraque et de pied de biche. Mais tout de même ! Chez lui ! Et voilà donc Clete pris dans une sombre enquête sur un groupuscule extrémiste bien cramé mais surtout Clete frappé par la décadence de ce monde. A son tour de perdre ses derniers repères dans sa Louisiane qu'il ne comprend plus. Certes, Belle-Mèche est à ses côtés (sans oublier Helen Soileau, personnage qu'il ne faut pas minimiser). Et aussi Gracie Lamar qu'il vient de sortir des griffes d'un immonde porc. Tout comme cette malheureuse Chen. Car oui, dans Clete, les femmes payent encore leur tribut aux pires hommes. Mais toutes ne sont pas que des victimes...
A 88 ans, James Lee Burke s'est construit une oeuvre magistrale, taillant toutes les facettes ou presque des âmes humaines les plus perverties. Parce qu'il est une fois de plus question de cela : paradis perdu, faute originelle, dans ces bayous qui devraient être une forme d'Eden.
Sans doute que Clete est un cran en dessous du récent Les jaloux mais un bon roman de Burke reste à mille coudées au-dessus du marigot habituel, par ses personnages, par ses lignes sur l'Atchafalaya, par le soin apporté à ses méchants. Et au-delà de tout cela, il y a cette affection que les lecteurs ont développé, entretenu pour un auteur qui n'a jamais dévié, qui a su rester discret, distillant à égale part sa plume et son amour des autres. Comme on boit un café avec un ami d'enfance, on se plonge dans un nouveau James Lee Burke. " Cette chanson fait penser à la famille et aux amis. C'est la seule chose de valeur que nous possédions. Le reste, c'est comme les cendres et les piliers noircis de Tara : ça ne vaut rien. "

Clete (trad. Christophe Mercier), ed. Rivages, 359 pages, 23 €
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