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The killer inside me

Littérature noire

Taxi de nuit : tough home Chicago !

" Cette ville, si triste et si vraie, si réelle, cette ville qui n'avait pas fini de s'enfoncer. " Bienvenue à bord du taxi d'Eddie Miles, grand laboureur de l'asphalte de Chicago, infatigable chauffeur noctambule aux mille histoires, mille rencontres. Plutôt affable et serviable Eddie Miles. Sauf cet hiver : un tueur de taxis rôde et Lenny le Polack, ami d'Eddie, vient de se faire descendre. Après la paranoia, c'est vraiment la peur qui s'installe dans la profession. Au Golden Batter, un diner de Lincoln Avenue transformé en QG, les discussions s'enflamment, on multiplie les hypothèses et les conseils de prudence. Mais il faut bien gagner sa croûte alors chacun reprend son volant. Et Eddie commence à avoir une petite idée sur l'identité du voleur... ce jeune épicier par exemple pose trop de questions sur ses horaires. La fièvre s'empare d'une ville où la misère gagne de plus en plus de quartiers.
Superbe ambiance dans ce Taxi de nuit, écrit par un Jack Clark qui connaît parfaitement le sujet. Ouvrir ce roman, c'est vraiment sentir l'odeur d'une banquette arrière, s'imaginer le couvre-siège en perles de bois, le compteur qui tourne. Et le chauffeur qui parle, qui parle. L'auteur restitue avec une belle précision la géographie de la ville bien entendu, ses frontières sociales, ses bouleversements urbains mais il sait raconter des scènes, peindre en quelques mots un passager, importun ou pas. Il y a notamment cet ancien de Chicago qui veut absolument retrouver la rue de son enfance et finit la nuit dans un bar, le Mitchell, avec le patron et forcément Eddie Miles. L'intrigue n'est pas la plus dingue de l'histoire du polar mais elle soutient la tension du roman, permet aussi à Jack Clark d'affronter les strates de la société de Chicago, jusqu'aux malheureuses prostituées venues d'Amérique du Sud qui se font taillader les seins par un sadique.
On se souvient du 911 de Shannon Burke, déjà chez Sonatine, qui proposait un peu de la même façon une déambulation à bord d'une ambulance, du côté de Harlem. Le principe de ces romans, c'est bien le mouvement et les dialogues, tout ce qu'il faut pour offrir du rythme. Donc Taxi de nuit remplit parfaitement le cahier des charges avec un petit quelque chose en plus. Presque une âme.

Taxi de nuit (Nobody's angel, trad. Samuel Sfez), ed. Sonatine, 234 pages, 21 €

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