Brant, ses indics, ses femmes, et son whisky dans le dernier Ken Bruen

Un film, une série... Ken Bruen récolterait-il aujourd'hui les lauriers de sa longue carrière d'écrivain ? L'Irlandais continue quoi qu'il arrive de pondre des histoires de détectives et de flics toujours aussi vives, percutantes. Calibre poursuit la série R&B (en attendant la traduction du tout nouveau Headstone avec Jack Taylor cette fois) avec toujours cette ambiance londonienne un peu décatie, loin des lumières, du faste de la capitale britannique. Ken Bruen a le chic pour dégoter les bons vrais tordus de notre ère...

Dans Calibre, il rend d'abord un hommage appuyé à Jim Thompson et son Démon dans la peau. En fait, c'est son tueur, qui se baptise Ford, qui s'en inspire. Ce brave mais très malin cinglé, British dans l'âme, a décidé de supprimer les grandes gueules, les personnes malélevées qu'ils croisent sur son chemin, tout en laissant croire à un accident... Vaste entreprise me direz-vous. Surtout quand, dans les parages, rôde un flic comme Brant. Toujours aussi direct, macho, menaçant... et irlandais. Bruen développe par ailleurs, d'une écriture délicate qui contraste avec Brant, ses personnages typiques de Nash Porter, Falls, Mc Donalds, Roberts... bref il enrichit son décor, donne toujours plus d'épaisseur. Et, c'est un signe, Brant s'imagine même comme écrivain, à la façon de Joseph Wambaugh. Pour bien faire, il couche d'ailleurs avec sa future agente.... même s'il la trouve un peu trop vieille ! Dans le prochain roman, le retrouverons-nous en pleine dédicace, en train de donner des coups de têtes à ses lecteurs ?... Tout est possible.

Une interview récente (pour les anglophones...)

Calibre, ed. Série noire, Gallimard, 219 pages, 17 euros.