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The killer inside me

Littérature noire

Un tueur sur mesure : Sam Millar en pleine forme

On avait arrêté avec Sam Millar lors du premier épisode de sa série Karl Kane, Les chiens de Belfast, il y a plusieurs années : trop léger après Redemption Factory ou l'extraordinaire On the Brinks. Le voici désormais chez un autre éditeur français, Métailié, avec toujours sa ville de Belfast en toile de fond. Mais Un tueur sur mesure témoigne naturellement d'une plus grande maturité, d'une meilleure technique, avec ce même goût pour l'action, pour le crime. Sam Millar reste un fan de rythme, de baston, de gros méchants mais il sait où s'arrêter. Ici, il s'agit de trois "Stooges", comme le dit un personnage, qui tentent un braquage de banque. Malheureusement les coffres viennent d'être vidés. Chance, ou pas, un des clients à une mallette avec 500 000 livres en cash. Le trio se partage l'oseille. Sauf que, bien sûr, cet argent n'est pas propre et appartient à la Fraternité pour la liberté irlandaise, groupe paramilitaire chargé de solder les comptes des années de Troubles. Forcément, ils ne sont pas heureux de voir leur argent ainsi disparaître. Leur boss, Connor, va mettre un super vilain sur le coup : Rasharkin, hitman de compétition, raffiné et sans pitié. Mais au sein de la Fraternité, un ambitieux, Nolan, lance aussi sa traque. De son côté, l'inspecteur principal Harry Thompson aimerait bien tirer son dernier mois avant la retraite, dans la tranquillité. La chasse commence dans Belfast et elle va laisser des traces.

On sait tout l'amour et le respect que porte Sam Millar à Stan Lee, l'auteur de comics sur lequel il a usé ses rétines lorsqu'il était prisonnier à Long Kesh. Il a gardé de ces lectures, l'essence des vrais méchants, les personnages riches en folies (ce Brian et sa cape sont parfaits), les personnages ambivalents (Boyd, Kerr) et les scènes de violence. Un tueur sur mesure n'est peut-être pas le polar qui vous fera vous lever la nuit mais cela fonctionne et remplit sa fonction de divertissement musclé. Et puis le décor assume toujours cette rivalité entre cathos et protestants, malgré les Accords, malgré les vingt années passées. Parce qu'il y a des cicatrices, des innocents tombés, des traîtres jamais punis. Un plaisir aussi de voir le pied que prend Sam Millar à écrire ainsi.

Un tueur sur mesure (The bespoke hitman, trad. Patrick Raynal), ed. Métailié, 285 pages, 22, 50 euros
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S
Merci beaucoup. Thank you again for reviewing my latest French novel. Many thanks.
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T
My pleasure Sam. A really smart story. Hope to see you soon.