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The killer inside me

Littérature noire

Qiu Xiaolong : " pour ouvrir un blog en Chine..."

Qiu Xiaolong : " pour ouvrir un blog en Chine..."

Qiu Xiaolong a publié le mois dernier, Cyber China, le 7e roman des enquêtes de l'inspecteur Chen. Dans une veine toujours aussi soft, mêlant la poésie, la gastronomie et les intrigues politiques, l'auteur, réfugié aux Etats-Unis depuis plusieurs dizaines d'années, aborde la question de l'internet mais aussi de la spéculation immobilière. A vrai dire ce n'est pas le roman le plus réussi de Xiaolong et on peut encore lui préferer De soie et de sang ou Mort d'une héroïne rouge. Dans une interview (par mail), il évoque son rapport avec son pays natal.

Cyber China aborde, notamment, l'internet en Chine. Qu'en est-il aujourd'hui du libre accès à la toile, des blogs ?

Il n'y a pas de libre accès. Durant mon voyage de retour, au mois de mai, je n'ai, par exemple, pas pu me connecter à mon compte Facebook ou faire des recherches via Google. Ni me connecter à des sites déclarés " hostiles au gouvernement ". Pour les blogs ou les microblogs, les Chinois doivent s'enregistrer sous leur vrai nom. Tous les blogs sont surveillés de près par le gouvernement. Et pour accéder à des sites occidentaux, il faut contourner les pare feux.

Lorsque vous retournez en Chine, on imagine mal que vous n'y soyez pas critiqué ?

En fait, il n'y a pas eu de vrai problème lorsque j'y suis retourné. Mais certaines personnes ont critiqué ma vision de la Chine moderne. Selon eux, avant j'écrivais en Chinois et le fait que désormais que j'écrive en anglais voudrait dire que je tente donc de séduire le lecteur occidental... et ce serait pour ça que je mets tant de détails négatifs sur la Chine dans mes livres.

On ne connaît pas si bien la criminalité chinoise. On y rencontre quoi ? Des mafias, des triades, beaucoup de corruption ?

Tout cela oui. Et tout relié. Encore une fois je vais prendre les événements de Chongqinq en exemple. Bo Xilai (un petit article de Match court là dessus http://www.parismatch.com/Actu-Match/Monde/Actu/Bo-Xilai.-Sexe-argent-meurtre-et-architecture-405599/) a lancé un mouvement politique " to sing the red, to crush the black ". Hormis qu'il s'agisse de forcer le peuple à chanter des chansons communistes, c'est censé mettre à terre la mafia et tout ce qui est labellisé " black ". Mais définir ce qui est " black " est finalement laissé aux personnes en charge du pouvoir, personnes accusées de corruption dans le système du parti.

Quelle est cette histoire de la ville de Shangaï remplacé dans vos livres, traduits en Chine, par la lettre H ?

Cela était vrai pour les trois premiers livres. H à la place de Shagaï parce qu'un responsable de la censure officielle avait dit " cela ne peut pas se passer à Shangaï ". Mais pour le 5e roman (Le très corruptible mandarin) j'ai insisté pour que l'on garde le nom de Shangaï. Le 4e (De soie et de sang) n'est pas traduit parce que je pense que c'est un peu trop sensible encore.

Comment analysez-vous cette côte que vous avez auprès des lecteurs français ?

C'est vrai que j'ai de fantastiques lecteurs en France. Je reçois beaucoup d'emails et même des bouteilles de vins quand je suis chez vous ! Je les remercie vraiment parce que c'est une des plus importantes bases de fans. Après, savoir pourquoi... Un critique français me disait que les Français sont très ouverts sur les autres cultures, sur ce qui se passe dans le monde, c'est sans doute une raison, je pense que c'est une raison parmi d'autres.

Inspecteur Chen, c'est un truc à vous, est un grand gourmet. C'est une part de culture chinoise qui est toujours vivante ?

En tout cas, c'est un côté de la culture de Shangaï qui, oui, est toujours vivante. Et cela, au milieu d'autres choses, rend mes retours toujours excitants. Quoique, ces dernières années, des histoires de fausses nourritures chinoises ou de nourritures toxiques m'a rendu moins enthousiaste et parfois nerveux.

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