Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
The killer inside me

Littérature noire

James Sallis, c'est beau comme un tableau de Goya !

Je confesse d'emblée que je lis pour la première fois James Sallis. Eh oui, je suis un bleu comme dirait le collègue bloggueur le Vent Sombre. Mais ce n'est pas simple de suivre l'actu, de relire Thompson, Pete Dexter, des vieux James Lee Burke... J'arrête les fausses excuses et promet de me racheter cet été. Car Le tueur se meurt, sorti le mois dernier, est une petite merveille d'écriture. Sallis s'affranchit vraiment des codes classiques du roman noir. Il s'affranchit même des codes récents qui voudraient que les poursuites soient trépidantes, les flics diabétiques et/ou divorcés. Non, Le tueur se meurt, c'est autre chose. Avec, d'abord, un tueur, vieux, souffrant... et doublé par un concurrent !

Chrétien, pseudonyme adorable, a passé sa vie à réaliser des contrats, évidemment, dans la plus grande clandestinité. Un professionnel que l'on engage en lui commandant des " poupées ". Mais Chrétien a un passé de soldat du Viet Nam, une guerre qui vient le chercher au coeur de la nuit, dans des rêves tourmentés : " Chrétien avait contourné la dernière hutte et il était presque arrivé aux arbres quand le gamin, pas plus de dix ou douze ans, sprinta vers lui en brandissant un couteau de chasse. Sans réfléchir, d'un seul mouvement, Chrétien fit pivoter le M-14 autour de sa bride et tira. Le gamin explosa - comme une pastèque qu'on laisse tomber. " Le genre d'expériences qui vous retourne la conscience pour plusieurs années... Mais là, ce tueur est au bout du rouleau, une fin de vie entre anti-douleurs à grande dose et planques moisies. La tuile, c'est que quelqu'un vient de lui piquer son contrat à Phoenix. Il veut savoir qui. Et il veut finir le boulot.

Face à lui ou plutôt sur ses traces, un duo de flics, enquêtant sur cet étrange assassinat raté : Grave et, surtout, Sayles. Ce dernier dans une sorte de parallèle de souffrances et de malheurs vit avec une épouse qui atteint, visiblement, le dernier stade de la maladie. Les pages de Sallis sont encore là, d'une sensibilité étonnante, d'une justesse impeccable.

Enfin, il y a ce Jimmie, gamin abandonné par ses parents et qui se démerde pour survivre en revendant mille et une choses sur internet. Trois destins que Sallis aborde avec une pudeur incroyable, une délicatesse infinie. Tout est mesuré et joliment humain. Il y a du sentiment, de la compassion et le lecteur se sent en harmonie avec chacun des personnages, du jeune au tueur, on développe une profonde empathie devant ces destins frappés de solitude. Attention, James Sallis n'est pas lacrymal, ce serait trop facile. Il conserve la petite distance qui laisse le lecteur s'interroger. Et puis, il y a tous ces instantanés : des conversations anodines, surprises dans un resto, des descriptions de familles attendant à l'hôpital... Là encore, more human than human. Oui, c'est sombre mais comme dans certaines toiles de Goya, il y a une force et une beauté qui transcendent la noirceur. Parce qu'il y a du style.

Dans l'échelle de valeurs des romans de Sallis, je ne sais pas encore où placer Le tueur se meurt mais dans l'échelle de l'année 2013, il est forcément dans le top 5 des romans qui vous bottent les fesses.

Le tueur se meurt, édition Rivages, 272 pages, 20 euros.

Je confesse d'emblée que je lis pour la première fois James Sallis. Eh oui, je suis un bleu comme dirait le collègue bloggueur le Vent Sombre. Mais ce n'est pas simple de suivre l'actu, de relire Thompson, Pete Dexter, des vieux James Lee Burke... J'arrête les fausses excuses et promet de me racheter cet été. Car Le tueur se meurt, sorti le mois dernier, est une petite merveille d'écriture. Sallis s'affranchit vraiment des codes classiques du roman noir. Il s'affranchit même des codes récents qui voudraient que les poursuites soient trépidantes, les flics diabétiques et/ou divorcés. Non, Le tueur se meurt, c'est autre chose. Avec, d'abord, un tueur, vieux, souffrant... et doublé par un concurrent !

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article