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The killer inside me

Littérature noire

Jérémie Guez (prix polar SNCF) : " David Goodis est une figure tutélaire "

Jérémie Guez (prix polar SNCF) : " David Goodis est une figure tutélaire "

Le Prix du polar SNCF 2012, au terme de 19 000 votes, a été décerné il y a 15 jours à Jérémie Guez pour son deuxième roman, Balancé dans les cordes. Un prix conquis de haute lutte face, entre autres, au Dernier Lapon d’Olivier Truc. En deux polars serrés, tendus, sombres, dans le décor des banlieues parisiennes, Jérémie Guez s’est donc fait un nom. Interview réalisé lors des derniers Quais du Polar avant quelques verres et surtout avant ce prix

Première réaction à l’annonce du prix SNCF ?
D’abord, nous étions heureux, l’éditeur et moi, d’être présélectionnés parce que c’était un choix de journalistes, de libraires. Mais nous ne croyions pas à nos chances dans la finale parce qu’il y avait de grosses maisons d’édition face à nous, avec une belle médiatisation... et puis, voilà, c’est génial, incroyable.
Comment devient-on écrivain de polars à seulement 24 ans ?
J’étais un grand lecteur de romans noirs. En déménageant, un ami de mon père nous a laissés toute sa collection Carré Noir : il y avait des Chester Himes, des Starck, des David Goodis. C’est comme cela que j’ai commencé. Puis quand j’ai épuisé la collection, j’ai commencé les éditions Rivages. Les premiers étaient violents... au point que je les lisais en cachette ! C’est ce qui fait que j’ai voulu envie d’écrire. Dès15 - 16 ans. Et c’est à cette époque que j’ai commencé mon premier roman Paris, la nuit. Je l’ai fini à 21 ans. Je n’ai pas pris de cours d’écriture et je ne voulais pas faire lire mes manuscrits à quiconque. En même temps, j’ai poursuivi mes études de commerce que j’ai menées jusqu’au bout.
Quels auteurs vous ont donné envie d’écrire ?
Goodis est une figure tutélaire. Je me reconnais dans son écriture minimaliste, ses pauvres mecs. J’admire Ellroy, mais je m’y identifie moins, c’est trop ambitieux. Goodis a cette faculté de faire ressortir le contexte social en filigrane, juste en décrivant, sans toutefois donner de solutions.
Est-ce une volonté de s’attacher à la banlieue parisienne ?
J’ai grandi du côté de la Vendée mais c’est Paris que je connais le mieux. Je n’ai jamais vécu en banlieue mais j’y ai travaillé, je n’étais donc pas quelqu’un d’extérieur mais en même temps, j’étais dépassionné. Je précise quand même que ce n’est pas ma réalité quotidienne. Je suis contre le pur réalisme ou le roman qui se renseigne, qui enquête... je me situe entre les deux.
Pourquoi des chutes si sombres dans vos deux romans ?
Je dois une certaine cohérence à mon lecteur. Par rapport à ce qu’a fait mon personnage, le lecteur ne voudrait pas d’une happy end. Quelqu’un qui bascule dans la delinquance, ce n’est pas Fantomas ! A un moment, il finit mal. La banlieue est un contexte social difficile mais mes personnages ont des choix à faire. Certes ils ont des difficultés mais ils ne sont pas non plus des victimes ultimes de la société. Tony (in Balancé dans les cordes), par exemple, a choisi de rentrer dans le cercle qu’il a toujours voulu éviter. Il devient prisonnier des logiques de ce monde.
Jeune écrivain dans une maison d’édition discrète et pourtant de jolies critiques dès Paris, la nuit...
C’est vrai que l’on n’avait pas accès à la presse comme d’autres. Et ce premier roman a été aimé par les lecteurs, puis les blogueurs. Cela a crédibilisé notre travail. D’autant que ce livre va à contre courant des best sellers puisqu’il est court, violent et parle de choses dures.
La suite ?
Sortie en novembre du dernier volet de cette trilogie « parisienne » avec Du vide plein les yeux. Cette fois je me frotte au mythe du détective privé mais attention, ce n’est plus un privé avec la pipe et le chapeau ! Ils travaillent sur les adultères et plutôt dans des milieux aisés. C’est un peu casse-gueule mais j’y tiens.

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