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The killer inside me

Littérature noire

A prestu Les Deux Mondes

A prestu Les Deux Mondes

Il y a plus que de la tristesse. Il y a le sentiment qu'une société qui s'éloigne du livre, qui cherche à économiser un euro sur Amazon, qui n'est pas plus concernée que ça par le commerce de proximité, cette société-là, a gagné. Demain, la Librairie Les Deux Mondes à Bastia ferme ses portes. On peut gloser des heures sur ce qu'il aurait fallu faire ou pas. En attendant c'est le dernier commerce qui vendait seulement du livre, du roman, de l'essai, qui arrête son activité. Bien sûr, à Bastia, il restera encore des librairies-papeteries où satisfaire ses envies compulsives mais sans leur faire insulte, ce ne sera pas avec la même passion. Les Deux Mondes, c'est tout de même avec eux que l'on avait pu parler littérature en compagnie de Jérôme Ferrari, avant son Goncourt, à l'époque de Où j'ai laissé mon âme, dans un café-prêt à porter où l'auteur et son interlocuteur avaient pris place dans la vitrine ! Trois ans plus tard, la même rencontre pour Le sermon.. s'organisait dans un théâtre municipal comble. Olivier Rolin était également venu dédicacer Le météorologue. Sans oublier Amélie Nothomb ou Marcu Biancarelli. Et bien d'autres auteurs encore. Cela peut paraître futile, peu spectaculaire, surtout aux lecteurs du " continent ", mais il se trouve qu'en Corse, il n'y a jamais eu une telle dynamique de la part de libraires. Ou alors, au compte-gouttes. Non, la passion était présente et elle s'est d'ailleurs traduite par deux éditions des rencontres Una Volta, Dui Mondi, du nom du centre culturel bastiais qui a franchement orienté sa politique sur le livre. Deux éditions, dans la magnifique citadelle de la ville, pour croiser Tim Willocks, Régis Jauffret, Douglas Kennedy, Sorj Chalandon, Véronique Ovaldé, Pete Froom, DOA, Laurent Chalumeau, Patrick Deville... sans oublier, un James Ellroy déjouant tous les clichés sur sa personne, accompagné pour l'occasion par François Guérif. De vrais moments riches, drôles, instructifs. Pas prout prout pour deux sous.

On ne va pas en faire des caisses, faire pleurer dans les chaumières, pester contre ce monde injuste et la loi du marché. On va plutôt se rassurer en se disant qu'il y a un public de lecteurs qui s'est construit autour de cette librairie, au cours des sept années d'existence. La meilleure preuve c'est que Les Deux Mondes a réussi à vendre, ces derniers moi,s 40 exemplaires du Pottsville 1280 de Jim Thompson ! Et tous les derniers exemplaires du Big Jim encore en stock ! C'est un peu personnel comme façon de se consoler mais, voilà, on ne se refait pas. En espérant que ces lecteurs ne lâchent pas l'affaire.

Les conseils de Pierre, Sébastien et Sarah vont manquer. Comme ces longues minutes de discussions dans ce lieu qui sentait à la fois l'encaustique, une espèce d'encens sub-tropical et évidemment le livre neuf, le livre sorti du carton. On souhaite le meilleur à ces trois libraires.

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J
Une journée bien triste pour le livre.<br /> Bon courage à vous trois,
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O
Superbe article qui résume parfaitement le sentiment des lecteurs bastiais...
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