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The killer inside me

Littérature noire

La vraie vie : terrible conte moderne

Il y a l'ogre. Et c'est le père. Il y a le personnage à sauver. C'est le frère. Il y a le partenaire d'aventures. Et c'est le chien Dovak. La vraie vie, joli phénomène littéraire de cette rentrée, est un puissant conte moderne où le chevalier, le héros, est une adolescente que le lecteur suit de 10 à 15 ans.
La narratrice est d'abord une petite fille pleine d'imagination qui emmène son jeune frère Gilles jouer dans des casses de voitures, lui raconte des histoires en s'endormant, lui invente un univers. Et surtout le protège du père, brutal, colérique, aux innombrables trophées de chasse et, bien sûr, violent sur la mère. Dans sa tête de pré-ado, l'héroïne ressent la violence de son foyer et en attribue l'origine à la hyène empaillée, cette bête qui " se délectait de l'effroi qu'elle provoquait dans chaque regard ". Le jour où le marchand de glace meurt dans un accident stupide, digne une fois encore, d'un conte, le petit frère semble virer, contaminer par la violence galopante de la maison. Sa soeur décide de le sauver en remontant dans le passé. Et pour fabriquer sa machine, elle, fan de mathématiques et de physique, va faire du baby sitting chez la Plume et le beau Champion...
En refusant toute étude sociologique trop datée, en se mettant à l'écart de la géographie, en plaçant son histoire dans un entre deux temporel, un entre-deux de l'espace, Adeline Dieudonné donne une puissance incroyable à son roman. La vraie vie, c'est celle d'une petite fille qui veut s'en sortir dans un monde moche, dans un monde vraiment pas fait pour les enfants. Ce personnage a les émois de toutes les adolescentes avec, en plus, une vie intérieure peuplée de monstres, de chevaliers, d'ombres, de soleils. Elle passe ainsi d'un jeune voisin menaçant (Derek) à un professeur de physique fabuleux, d'un père criminel au Champion dans son armure immaculée.
C'est un roman sur la violence conjugale, la violence des Hommes avec un final attendu, qui se veut classique mais qui est maîtrisé et ce n'est pas la moindre des qualités pour cette première oeuvre. Court, La vraie vie n'en résonne pas moins assez longtemps dans l'esprit du lecteur.

La vraie vie, ed. L'iconoclaste, 263 pages, 17 euros
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