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The killer inside me

Littérature noire

Unité 8200 : espionnage à Paris entre Israéliens et Chinois

Quis custodiet ipsos custodes ? Qui gardera les gardiens, demande justement Oriana Talmor, lieutenant de l'Unité 8200, département du renseignement israëlien. Dans un monde de soupçons, qui surveille l'espion et qui surveille le surveillant ? Unité 8200 est un suprenant roman d'espionnage, un roman politique, sans oublier d'être un sacré bouquin d'actions. Certes, ce n'est pas toujours facile de s'y retrouver entre les nombreux services façon 007 XXL, leurs imbrications, leurs niveaux de responsabilités, mais passé cet écueil administratif, ce premier livre de Dov Alfon emporte la décision.
C'est que l'auteur, lui-même ancien officier du renseignement israëlien, connaît un peu son sujet. Et possède une scène introductive très solide : à son arrivée à Roissy, un jeune homme en provenance de Tel Aviv a mystérieusement disparu après avoir accosté une hôtesse blonde. L'ascenseur qu'ils ont pris semble les avoir avalés. Un ascenseur qui conduit aux parkings... et au niveau supérieur en chantier. Le colonel Zeev Abadi, en transit à Roissy, tout juste nommé responsable de l'Unité 8200, s'intègre à l'enquête des policiers français. Très vite, il apparaît que le garçon n'était pas la vraie cible, c'est un militaire d'une section de cette Unité 8200 qui était visé. Tout aussi vite, des sicaires chinois sont identifiés. Et tombent comme des mouches dans les rues de Paris. L'affaire prend une sale tournure. A Tel Aviv, le lieutenant Talmor tente de savoir pourquoi un jeune membre des services de renseignements s'est rendu à Paris sous un faux prétexte et se retrouve maintenant pourchassé. Mais dans les couloirs de Tsahal on aimerait justement que l'enquête ne soit pas trop poussée. Abani, lui, collecte les indices à Paris pour arriver jusqu'au soldat. Pendant ce temps, le Premier Ministre israëlien organise la visite d'un magnat australien des casinos, générateur donateur pour le pays...
C'est complexe, c'est ramassé sur 48 heures, c'est très rapide, mais c'est du très bon roman d'espionnage. Qui pose tout de même quelques questions. Par exemple sur la surveillance des citoyens par les grandes nations. Sur l'infiltration du monde politique par le monde des affaires. Sur la toute puissance de la Chine. Et bien évidemment sur le fonctionnement de la démocratie en Israël, avec ce fameux service de communication, capable de censurer la moindre info qui déplairait au gouvernement.
Pour raconter cette histoire sophistiquée, Dov Alfon a choisi des grandes figures du genre :  un officier poussé prématurément à la retraite pour avoir protégé des objecteurs de conscience de Tsahal mais rappelé dans des circonstances obscures. Bref, le type qui a bien plus d'opposants que de fidèles dans son propre camp. Mais un sacré combattant. Et un beau gosse. Face à lui. Enfin presque puisqu'elle est à Tel Aviv, sa subordonnée Oriana Talmor, tout aussi douée, intelligente. Et canon. C'est bien, ça fonctionne et cela ne sombre heureusement pas dans la caricature façon 007.
Unité 8200 est un roman rare, parce que l'espionnage ne s'écrit que très peu aujourd'hui, mais c'est aussi un livre qu'il ne faut pas mettre trois semaines à finir, au risque d'en perdre le fil.

Unité 8200 (trad. Françoise Bouillot), ed. Liana Levi, 392 pages, 21 euros
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